Les Nations Unies ont marqué cette semaine le bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves par un appel à lutter contre le trafic d’êtres humains. Se sont également élevés à l’Assemblée générale de nombreux appels pour que les pays – ayant jadis participé à la traite – présentent des excuses. La vice-secrétaire générale des Nations Unies, Asha-Rose Migiro, a rappelé que : « l’histoire de l’esclavage ne devait jamais être oubliée aux Nations Unies ». « Pendant cette période, des souffrances humaines indicibles ont été infligées, au cours des longues marches en Afrique, comme au cours des voyages effroyables pour conduire des hommes vers une vie sans droit », a affirmé Asha-Rose Migiro. Elle a demandé à l’Assemblée générale : « de ne pas oublier non plus que des hommes avaient eu le courage de se soulever contre ces pratiques, à travers notamment le mouvement abolitionniste ».
Pour sa part, Dumisani S. Kumalo, de l’Afrique du Sud, dont le pays occupe ce mois-ci la présidence du Conseil de sécurité, a mis en lumière le fait que, selon certaines statistiques, une vache européenne reçoit plus de subventions qu’un enfant africain dans l’aide au développement. De nombreux pays développés rechignant, en outre, à respecter leurs engagements en matière de lutte contre la pauvreté, notamment le versement de 0,7% du PIB à l’appui au développement, a noté le représentant africain.
La Secrétaire générale-adjointe des Nations unies, Mme Asha-Rose Migiro, a exhorté les États membres de l’organisation à intensifier leur lutte contre le trafic des êtres humains et le travail forcé, invitant, par ailleurs, à la mobilisation des ressources et à une prise de conscience mondiale contre la criminalité. Selon Mme Migiro : « nous devons agir pour mettre ensemble un terme aux crimes qui privent d’innombrables victimes de leur liberté, de leur dignité et de leurs droits humains. Nous devons combattre l’impunité avec un engagement sans faille et mobiliser la volonté politique nécessaire par l’intermédiaire des pressions internationales ».
Parallèlement à ces discours contre la souffrance humaine dans le monde, et la reconnaissance de l’esclavage, des citoyens iraniens et ouzbeks envoient, depuis des années, à l’ONU des allégations de mauvais traitements contre leurs gouvernements. Les deux pays étaient examinés à huis-clos. Le Conseil des droits de l’homme de l’Onu vient de rejeter cavalièrement leurs appels. Explications.
La procédure – dite 1.503 – du Conseil des droits de l’homme de l’Onu en vertu de plaquelle les allégations de violation des droits de l’homme donnaient lieu à des discussions à huis clos, permettait de trier les plaintes afin de vérifier si les exactions commises par un gouvernement étaient répétées et systématiques. Si le gouvernement ou les gouvernements accusés (dans le présent cas l’Ouzbékistan et l’Iran) ne montraient pas des signes de leur bonne volonté, le « huis-clos » était rompu et les accusations devenaient publiques. Un expert aurait dû être nommé pour enquêter en Iran. Quant à l’Ouzbékistan, il faisait l’objet la semaine dernière d’un rapport cinglant rédigé par la juge française Michèle Piccard. Nommée rapporteuse spéciale, celle-ci n’a jamais été autorisée à se rendre sur place. Mais vu la gravité des informations recueillies et le peu d’empressement du pays à collaborer, elle a demandé que les accusations contre Tachkent soient rendues publiques.
Les espoirs de ces plaignants se sont évanouis : les 47 États membres du Conseil des droits de l’homme de l’Onu ont décidé à une écrasante majorité de classer les dossiers et d’envoyer les plaintes aux oubliettes. La nouvelle, annoncée par le président Luis Alfonso de Alba en personne, pourrait entamer un peu plus la crédibilité du nouvel organe onusien, près d’un an après sa création.
Les 47 États membres du Conseil des droits de l’homme de l’Onu ont en effet accepté la recommandation d’une commission formée de cinq pays, dont le Zimbabwe, le Bangladesh, et l’Azerbaijan, en faveur de l’abrogation de la procédure dite 1.503. Cette décision était largement attendue, puisque la majeure partie des membres du Conseil des droits de l’homme, mis sur pied l’an dernier pour remplacer une Commission des droits de l’homme discréditée, s’opposaient à ce que certains états fassent l’objet d’une attention particulière.
L’an passé, 60 000 plaintes individuelles postées des quatre coins de la planète sont ainsi parvenues à Genève.
Le Foreign Policy a émis un commentaire dévastateur sur cette décision du nouveau Conseil des droits de l’homme de l’Onu : « U.N. Human Rights Council is now officially a joke ».
« Cette décision est en désaccord complet avec l’opinion exprimée par l’Assemblée général (de l’Onu), qui a encore condamné les violations des droits de l’homme en Iran il y a quelques mois », a déploré une représentante des États-Unis. Estimant que le Conseil souffre lui aussi d’un déficit de crédibilité, Washington a refusé d’y briguer un siège.
Selon plusieurs observateurs, ce vote de ne plus surveiller les violations des droits de l’homme – par un régime (l’Iran) qui a été condamné pour cette même raison 53 fois par l’Assemblée générale – démontre que la composition actuelle du Conseil en question, un organe créé pour protéger les droits de l’homme, pourrait avoir perdu une grande partie de sa crédibilité.
Le directeur de l’ong UN Watch, Hillel Neuer, a fait connaître sans trop succès la position de son organisme. Avis que n’a pas apprécié le président du Conseil des droits de l’homme de l’Onu, Luis Alfonso de Alba : « For the first time in this session I will not express thanks for that statement ». Un échange qui mérite d’être vu. La vidéo : ici.
Un nouveau rapport vient d’être présenté au Conseil des droits de l’homme de l’ONU portant sur des violations et des atteintes aux droits de l’homme commis par les États-Unis. Le rapport de monsieur Martin Scheinin porte sur une série de politiques et de pratiques dirigées contre des groupes déterminés sur la base de leur pays d’origine ou leur nationalité, par les autorités d’immigration nord-américaines. Il en irait également ainsi des personnes en provenance de nations qui font l’objet d’une surveillance spéciale du seul fait de leur religion. Le rapporteur Martin Scheinin a cité en exemple les détentions de plus de 8 000 hommes soumis à des interrogatoires pour le simple fait d’être arabes ou musulmans, et il a exprimé en outre sa préoccupation pour l’élaboration de profils de terroristes à partir de leur race et de leurs croyances religieuses. La question est entière : dans quel état d’esprit le Conseil des droits de l’homme de l’ONU va-t-il pouvoir aborder ce nouveau rapport, si sa crédibilité est sérieusement entachée ?
En terminant, le Foreign Policy dresse la liste des dix (10) grands vainqueurs de la guerre en Irak, dont les Nations Unies qui arrivent en huitième position. À lire impérativement :
· 1. Iran
By Vali Nasr
· 2. Moqtada al-Sadr
By Dexter Filkins
· 3. Al Qaeda
By Daniel Byman
· 4. Samuel Huntington
By David Frum
· 5. China
By Steve Tsang
· 6. Arab Dictators
By Marina Ottaway
· 7. The Price of Oil
By Bill Emmott
· 8. The United Nations
By Martin Wolf
· 9. Old Europe
By Gianni Riotta
· 10. Israel
By Amatzia Baram