5… 4… 3… 2… 1… Premier septembre, nous nous retrouverons.

31 08 2008

Heureux comme pas un. Fatigué comme dix. En forme comme vingt. Je fourbis mes plumes. Mon encre est prête. Avant qu’elle ne sèche irrémédiablement. Le verbe pointe, le mot en est jaloux, le silence boude, lui qui se croyait gardien pérenne des lieux. Premier septembre, à l’aube d’un automne qui inquiète, « fais du feu dans la cheminée, je reviens chez nous », comme le chantait Jean-Pierre Ferland.

Bien le bonjour chez vous.





École buissonnière

14 08 2008

Mes amies et mes amis

En raison de la période intense de rédaction, je ferai relâche aujourd’hui et vendredi. Il ne reste que peu d’heures pour dormir. Je vous écris ce billet à 04h00 du matin. Je vais me coucher, tenter de sommeiller et me lever dès 09h00 pour une conférence téléphonique.

Bien le bonjour chez vous.





Une question d’intérêt national : l’enfant devait bien passer devant la caméra

13 08 2008

L’une était jolie. L’autre moins. L’une chantait moins bien. L’autre mieux. Deux fillettes ont montré au monde entier jusqu’où la tricherie pouvait aller dans l’idéal olympique.

Résumons. Au cours de l’ouverture des Jeux Olympiques, rendez-vous que j’ai raté volontairement, les télévisions ont transmis l’image de Lin Miaoke, toute menue et toute jolie, qui a chanté l’Ode à la mère patrie. « Je me sentais si belle dans ma robe rouge », a déclaré l’enfant au China Daily. Et le Journal s’enorgueillit du fait que : « On Saturday, she appeared on the cover of the New York Times ».

Sauf que… ce n’est pas Lin Miaoke qui a chanté. C’était plutôt Yang Peiyi. La première est jolie. Elle a passé à l’écran en mimant de chanter. La seconde n’est pas jolie, selon les canons des officiels chinois, donc elle a chanté sans être montrée. L’enfant à la dentition tordue, Yang Peiyi, n’était pas assez mignonne. Mais sa voix a été considérée selon Chen Qigang, célèbre compositeur chinois contemporain et citoyen français, comme la plus belle.

Lin Miaoke, neuf ans, « star montante », selon les médias chinois. Encore faut-il qu’elle puisse chanter la mignonne mignonnette. La supercherie n’a guère intéressé la presse chinoise mais le sujet fait parler les internautes.

Chen Qigang l’a dit et redit : « C’était une question d’intérêt national. L’enfant devait bien passer devant la caméra, être expressive ».

Ce qui devait être un esthétisme époustouflant connaît, par suite de certaines révélations et admissions, des ratés gênants. « Le programme télévisé de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin comportait des images truquées et prémontées de feux d’artifice », a avoué le vice-président du Comité d’organisation des Jeux, Wang Wei. « Il se peut que des images de pieds précédemment tournées aient été utilisées en raison de la mauvaise visibilité », a reconnu Wang Wei.

L’esprit olympique. Jacques Rogge devra expliquer le principe de tricherie qui s’applique, dans le cas de la Chine, ailleurs que dans les questions de dopage. Par exemple, Internet. Les sites qui font référence à tout ce qui touche le Tibet, le Dalaï-Lama, Taiwan et le massacre survenu à la Place Tiananmen, sont bloqués. Wang Wei, toujours ce brave homme, explique que les sites bloqués menaçaient la sécurité nationale et pouvaient être néfastes pour la jeunesse chinoise. Je crois rêver. Associer deux enfants innocents à une tricherie d’État ne constitue pas un exemple néfaste pour la jeunesse chinoise ?

Jacques Rogge, le président du CIO, déclare tout bonnement que ce dossier de la censure sera étudié plus en profondeur à la fin des Jeux et qu’un rapport sur la question sera publié. À la fin des jeux ? « On m’a demandé des excuses, mais je n’en donnerai pas. Ce n’est pas le CIO qui gère Internet en Chine », a riposté Jacques Rogge. S’il nous indiquait d’où viennent les milliards de dollars que le CIO engrange depuis Juan Antonio Samaranch ?

Bien le bonjour chez vous.





A l’écoute des vents solaires

12 08 2008

Dans les années 1980, deux découvertes avaient marqué ma culture musicale. Baigné que j’étais dans le baroque et l’époque classique, je suis tombé par hasard sur un disque vinyle qui allait bouleverser toutes mes convictions et mes connaissances de la musique. J’ai, dans un premier temps, découvert David Hykes et son célèbre « A l’écoute des vents solaires. De ce point de découverte, David Hykes m’a fait fréquenter les chants sacrés du Tibet et les chants diphoniques de Mongolie.

Sans être profondément religieux, cette musique des harmonies célestes m’avait pleinement rejoint. David Hykes déclarait en 2006 : « Les harmoniques du son sont aussi universelles que la lumière, la gravité, la chaleur et l’espace. J’essaie de transmettre et partager le Chant Harmonique depuis ces 30 ans comme une musique cosmologique, à la fois personnelle et spirituelle ».

Au hasard de mes explorations sur Internet, j’ai redécouvert les chants diphoniques de Mongolie qui m’ont rappelé ma deuxième découverte des années 1980. De la Mongolie, il n’y avait qu’un pas à franchir pour retrouver la musique du Tibet.

Après une très longue fréquentation avec les époques de la Renaissance, du Baroque et du Classique, je sentais bien naître une certaine lassitude accompagnée d’un vide que ne comblaient plus ces grandes œuvres du répertoire musical. Lorsque mon oreille a, dans les années 1980, apprivoisé les chants diphoniques, je n’avais pas senti, très certainement par paresse intellectuelle, l’urgence d’approfondir la technique de ces chants en consultant de savants exposés. Ces chants me comblaient et le seul effort que je voulais bien consentir était d’accroître davantage ma capacité d’écoute pour me baigner dans un monde qui m’était alors totalement inconnu.

Dans mes périodes intenses d’écriture de ces dernières semaines, j’ai renoué avec ces chants d’un autre monde. Ils ont été, pour l’heure, un compagnon qui m’a guidé dans ce travail laborieux d’écriture institutionnelle. Je suis contraint de jouer avec les mots. Les mots, parfois les maux, sont une matière qui peut déboucher sur un produit particulièrement détestable. L’écriture est comme la meule que fait tourner le potier pour faire sortir de la terre une œuvre d’art. Je suis si éloigné des œuvres d’art qu’il me faut doubler, à tous les jours, d’efforts pour fuir la catastrophe épistolaire.

Samedi soir, au hasard de ma nouvelle quête d’émotions et en raison d’un curieux retour aux sources, j’ai découvert non sans émotions un documentaire de la Société Française d’Ethnomusicologie sur les chants harmoniques. Un documentaire produit en 1989. Dans cette même décennie qui a suivi de près ma quête de ce patrimoine musical étranger qui n’était pas toujours accessible au jeune trentenaire que j’étais.

Imaginez. Ce n’est trente ans plus tard que j’ai pu apprendre ce qu’était réellement le chant diphonique. Je ne connaissais pas Tran Quang Hai, ingénieur à l’INRS. Ce documentaire m’a, par l’image et le son d’un autre temps, donné accès à son enseignement. Est-ce l’âge, est-ce la sagesse, toujours est-il que j’avais, ce samedi soir, peu de résistance à recevoir l’enseignement de ce professeur d’origine vietnamienne.

De ces chants diphoniques, j’ai eu soudainement le goût incontrôlable de retrouver mes sources musicales. Petites recherches sur Internet et dans ma discothèque lourde de 3.500 CdRoms. Retour donc à David Hykes. Première surprise, il est encore actif. Nouvelles émotions. David Hykes est installé en France. Son centre d’enseignement est situé à Pommereau, entre Orléans et Blois, à 20 minutes au nord de Beaugency (45) et la Loire. Logé dans un grand corps de ferme cistercien datant du 12e siècle au milieu d’un parc de 5 hectares entouré de forêts domaniales, de lacs, de faune et de flore. Plutôt bucolique.

Après avoir parcouru le site de David Hykes, mes sentiments étaient plutôt mitigés. La tonalité « nouvel âge » de l’endroit m’a tout de même gêné et m’a fait craindre le pire. Je fus un peu surpris de découvrir David Hykes sur un site de MySpace. Étrange que tout cela. Étrange aussi l’image qui reste, après tant d’années, d’un homme qui vous a montré les chemins d’une musique céleste, d’accents harmoniques sans mots dire, et qui resurgit soudainement devant vous.

Dimanche soir, de retour sur ce curieux cheminement vers le passé, je recherche quelques documents vidéo sur David Hykes. J’ai trouvé Gravity Waves sur DailyMotion. Après quelques écoutes itératives, au cours de la journée d’hier, j’ai compris que ces souvenirs avaient vieilli. En même temps que moi. Mais différemment. Il est bon de revoir ses souvenirs et il est bon de les voir repartir.

Aujourd’hui, je me remettrai au travail. Comme hier. Et qui sait. Peut-être reviendrai-je, cette fois, aux concertos si divinement légers d’Albinoni.

Bien le bonjour chez vous.





La guerre du pipeline

11 08 2008

Que connaissez-vous du pétrole ? Pour ma part, rien. Si ce n’est ce yoyo incessant dans le prix du baril. Imaginez. Les prophètes de malheur prédisaient qu’il atteindrait les 200 $ avant la fin de 2008. De 147,3 USD qu’il était le 11 juillet, le baril est passé à environ 115 USD ces jours derniers.

Je n’ai pas de voiture. Pas de permis de conduire. Une rareté. Je suis une rareté. Jamais n’ai-je déposé les mains sur un volant. Je n’aime pas l’automobile. Cela remonte à mon enfance. Voyager en automobile signifiait, chaque fois, être malade. J’avais en horreur l’automobile. Sa senteur. Sa lenteur (mon père, âgé, conduisait trop prudemment et il conduisait à contresens, à ma plus grande stupéfaction). Tout était réuni pour que je déteste viscéralement ce transport motorisé.

Le pétrole. Mal du siècle incontournable. L’or noir accuse une baisse de 21%. Le brut devrait osciller entre 80 et 100 USD le baril à la fin de l’année. Baisse qui n’est pas sans conséquences. L’once d’or est passée de 1.000 à 800 dollars. Mais pourquoi cette baisse ? À cause des automobilistes. Une baisse de la consommation en Europe, en France en particulier, mais aussi aux États-Unis serait responsable de cet effondrement. Il paraît que, selon la formule entendue, les automobilistes américains ont conduit plus prudemment et plus lentement. Pire. Ils ont conduit trois fois moins qu’à leur habitude.

Au garage les bolides, les Hummers de ce monde.

Tout cela est bien beau. Mais est-ce que les consommateurs ont profité de cette chute ? Je ne crois pas. Il m’est difficile de le confirmer, je ne fais pas de plein d’essence.

L’euphorie passée, les économistes, ces vieilles corneilles annonciatrices de malheur, nous préviennent. L’explosion économique de l’Inde et de la Chine pourraient relancer la demande. A demande croissante prix croissant, dit-on. Un observateur – qui ne manque pas d’humour – se plaisait à imaginer les Chinois et les Indiens se privant de voitures et de frigos pour éviter une explosion du prix du baril de pétrole. Qu’à cela ne tienne. La Chine avait annoncé avoir constitué des stocks importants de pétrole en prévision des Jeux olympiques. Rendez-vous que j’ai raté, je me répète, je le sens.

Non seulement le pétrole est l’objet d’une guerre des prix en approvisionnement, mais il est également la source de conflits qui conduisent à des guerres sanglantes. C’est devenu un lieu commun que de citer l’Irak.

La Géorgie, maintenant. Elle ne produit pas de pétrole. Elle a le malheur d’être située entre l’Iran et les oléoducs et gazoducs sous monopole russe. L’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, inauguré en 2006 et long de 1.774 km (BTC), transite sur ses terres. Capacité : 1,2 million de barils par jour.

La Russie et la Géorgie montrent qu’elles ont des relations plutôt crispées, voire hostiles, c’est le moins qu’on puisse dire. L’Ossétie du Sud, soutenue par Moscou, veut son indépendance de la Géorgie. Tbilissi veut reprendre le contrôle de la région qui devrait être, de facto, indépendante depuis la chute de l’URSS en 1991.

Vladimir Poutine, premier ministre, veille au grain. Il est à Vladikavkaz, capitale de la république russe d’Ossétie du Nord. Il prévient Tbilissi. Il sera difficile à la Géorgie, après son opération « criminelle » contre l’Ossétie du Sud, de rétablir sa souveraineté sur le territoire. « Il est difficile de s’imaginer comment il serait possible après tout ce qui s’est passé (…) de convaincre l’Ossétie du Sud de faire partie de l’État géorgien », a soutenu Vladimir. Sauf qu’encore une fois, il a omis de commenter la propre intervention de la Russie – qualifiée d’invasion par la Géorgie – qui a bombardé des objectifs « stratégiques, économiques, civils et militaires », tels le port de Poti sur la Mer noire et la ville de Gori proche de l’Ossétie du Sud. Le contrôle de la région qui permet l’acheminement du pétrole entre la Mer Caspienne et la Mer Noire sans passer par la Russie est au cœur du litige. Le pétrole et les pétro-dollars. Qu’ont à dire les populations au centre de cette guerre pour l’acheminement du pétrole ? Que dalle, dirait mon copain de Caën, sinon de subir. Dmitri Medvedev, a déclaré, de Moscou, par voie de communiqué : « La partie géorgienne a commis une agression contre des habitants pacifiques et des soldats russes chargés du maintien de la paix ». Dmitri sort peu. Il n’était pas à Pékin. Vladimir l’a remplacé.

Bernard Kouchner est dans la région. La présidence française de l’UE, dans une mise en garde inattendue, a prévenu Moscou par écrit que ces opérations militaires sur le territoire géorgien affecteraient leur relation. Nicolas Sarkozy se rendra donc à Moscou. Pour dénoncer, courageusement, cet acte d’agression de Moscou à l’encontre de Tbilissi. Washington accuse Moscou de vouloir faire tomber le président géorgien pro-occidental, Mikheïl Saakachvili. Ballet diplomatique habituel.

Pour l’heure, les fortes tensions opposant la Russie à la Géorgie en Ossétie du Sud n’ont pas eu, jusqu’à ce jour, semble-t-il, d’impact sur les cours pétroliers, si ce n’est, par contre, la chute d’environ 6% des actions russes sur les places boursières. La Géorgie compte prendre tous les moyens pour importer du gaz d’Iran, d’Azerbaïdjan et d’Asie centrale pour réduire sa dépendance énergétique de Moscou après la récente forte augmentation du prix du gaz russe. Bruxelles a prévenu Moscou sur son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières actuelles reconnues par l’ensemble de la communauté internationale. La Russie a répété au cours du week-end qu’elle n’a pas l’intention d’envahir la Géorgie. Le gazoduc que l’Arménie et l’Iran ont construit en dépit de l’opposition de Moscou et de Washington inquiète tout de même la Russie qui craint de perdre son monopole. Et si l’Amérique pouvait ravir une parcelle de ce monopole à Moscou ? Ballet diplomatique habituel.

Je m’étais promis de ne plus me lancer, pendant cette période intense d’écritures institutionnelles, dans les grandes analyses géopolitiques. Chassez le galop, il revient au trot. Je reviens donc à mon point de départ. Le pétrole.

Il y a cette déclaration forte de Barack Obama : « J’accuse les sociétés américaines d’avoir constamment lutté contre toutes les tentatives d’amélioration de la consommation des véhicules ». C’était en mai 2007. Il a changé d’idée depuis. Les lobbies veillent. Barack Obama a proposé la semaine dernière de puiser dans les réserves pétrolières stratégiques du pays afin de faire baisser les prix de l’essence. Important revirement sur sa politique énergétique puisqu’en juin, lorsqu’il avait présenté ses propositions en la matière, il s’était déclaré défavorable à l’utilisation de ces réserves, sauf en cas d’extrême urgence. Il s’agit, selon son camp, d’une mesure à court terme destinée à atténuer la crise énergétique.

En mai 2008, Nicolas Sarkozy avait, devant la flambée des prix du pétrole, soulevé l’hypothèse de suspendre la fiscalité, pour la part TVA, sur le prix du pétrole. Le brave président n’a pas développé davantage cette hypothèse de poser la question à ses partenaires européens : « Pour décider, il faut l’unanimité, donc il n’est pas question de le promettre ». Sagesse toute chinoise…

Pourquoi je vous parle aujourd’hui du pétrole? En raison du hasard qui m’a mené sur ces pages de MailOnLine. Je n’ai pas lu le texte : « la guerre du pipeline ». Manque de temps. Seules les photos ont attiré mon attention. C’est le prix du pétrole. Et cliquez sur ce lien pour voir ce qui est qualifié de dommage collatéral. Huffington traite mieux que je ne saurais le faire de la stratégie géopolitique dans la région. À lire. Si vous avez le cœur solide. Il y a aussi le New York Times qui analyse de plus près les intérêts pétroliers régionaux. J’arrête ici.

Combien payez-vous votre litre d’essence, déjà ?

Bien le bonjour chez vous.