Rien n’est réglé à Guantanamo, l’antre de l’enfer

30 09 2010

Comme le rapporte Reporters sans frontières, le vendredi 24 septembre 2010, lors d’un entretien bilatéral à New York, en marge du sommet des Nations unies, le président Obama a conseillé à Ilham Aliyev, président de l’Azerbaïdjan, de mener à des réformes démocratiques et d’améliorer la situation des droits de l’homme dans son pays. Il a appelé le président azerbaïdjanais à relâcher les deux blogueurs Emin Milli et Adnan Hadjizade. Adnan Hadjizade, vidéo-blogueur et membre du mouvement apolitique « OL ! Youth Movement », et Emin Milli, l’un des fondateurs du collectif « The Alumni Network », ont été arrêtés à Bakou, le 8 juillet 2009. Accusés de « hooliganisme » et de « violences physiques volontaires », ils ont été condamnés respectivement à deux ans et deux ans et demi de prison ferme, le 11 novembre 2009, pour avoir « attaqué » des individus dans un restaurant, alors qu’ils ont été les victimes de cette agression. Geste noble de Barack Obama sur les questions des droits de l’Homme à l’extérieur de son pays.

Guantanamo est et restera la décision la plus honteuse de l’histoire des États-Unis. Et cette honte sera assumée tant par le président qui en a conçu le projet que celui qui est en poste aujourd’hui et incapable de donner suite à une promesse formelle de fermer cet antre de l’enfer. Les États-Unis se sont abaissés au plus bas niveau de l’histoire de l’humanité. Et en donneurs de leçons qu’ils se veulent être sur cette planète terre, ils ne se situent en réalité qu’à la hauteur des pires décideurs qui ont marqué d’une encre indélébile le cours de notre courte histoire humaine.

Lors de son accession à la présidence des États-Unis, Barack Obama avait promis de fermer Guantanamo au cours de sa première année à la Maison blanche. Le président du plus puissant pays du monde, comme se plaisent à se définir les États-Unis d’Amérique, a lamentablement avoué que son administration n’avait pas atteint son objectif. C’est ce même président qui, au moment de la course présidentielle, déclarait : « Il n’y a pas une Amérique libérale et une Amérique conservatrice — il y a les États-Unis d’Amérique. Il n’y a pas une Amérique noire, une Amérique blanche, une Amérique latino et une Amérique asiatique, il y a les États-Unis d’Amérique (27 juillet 2004) ». Les êtres humains de Guantanamo ne font pas partie de cette Amérique.

Jean Asselborn est le ministre des Affaires étrangères du gouvernement du Luxembourg. Il est déçu. Après des mois de préparation, tout semblait prêt pour accueillir un ex-détenu de Guantanamo, originaire du Yemen et âgé de 31 ans, enfermé depuis 2002. Cet homme est un « Hafiz », terme utilisé pour les personnes capables de réciter le Coran par cœur. Mais aucune charge ne pèse contre lui. Jean Asselborn explique au Quotidien de Luxembourg ce qui s’est passé. En juillet, il annonce aux États-Unis que le Luxembourg est prêt. Une délégation de hauts fonctionnaires se rend à Guantanamo pour y rencontrer le jeune détenu yéménite. Le rapport, positif, des entretiens est présenté au gouvernement luxembourgeois. Le jeune homme devait être accueilli « pendant quelques mois », le temps que le Yémen établisse les papiers nécessaires à son retour dans son pays d’origine; des formations lui seront proposées et un tuteur alloué. Le Luxembourg s’était assuré que l’homme ne représentait aucun danger pour la sécurité du pays et de ses habitants.

Le ministre Jean Asselborn explique : « Il y a une semaine, j’étais à New York à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU. Dan Fried, un haut responsable américain chargé du dossier de la fermeture du camp de Guantanamo, m’a dit qu’il était navré, mais que le transfert ne se ferait pas. Un Nigérian avait, lors d’un vol le 25 décembre 2009 entre Amsterdam et Detroit, tenté de commettre un attentat. Il s’avère qu’il avait été formé par Al-Qaïda au Yémen. Depuis, l’administration Obama, en raison des élections de mi-mandat, en novembre prochain, ne veut pas prendre de risques que cette personne soit libérée par une cour de justice. Il ne faut pas non plus sous-estimer le conflit armé qui existe à la frontière entre l’Arabie saoudite et le Yémen. L’Arabie saoudite est un allié important des États-Unis. Ça a sans doute rendu les choses plus compliquées. J’avais un seul but : montrer, politiquement, de la bonne volonté et aider un garçon qui, pendant un certain nombre d’années, a été emprisonné de façon illégale pour lui donner une chance de repartir. Je ne suis pas du tout déçu par les États-Unis, je suis déçu pour cet homme qui est toujours à Guantanamo ».

Un autre cas montre l’horreur de ce camp d’internement qu’est Guantanamo. En juillet dernier, le juge canadien, Russel Zin, ordonne au gouvernement du Canada de trouver un moyen de corriger la violation des droits d’Omar Khadr, reconnus dans la Charte canadienne des droits et libertés. Âgé de 15 ans au moment de son arrestation en 2002, il est le plus jeune détenu de Guantanamo et le dernier citoyen d’un pays occidental à s’y trouver. Le gouvernement conservateur de droite de Stephen Harper avait passé outre une ordonnance de la Cour suprême — rendue en janvier 2010 — de remédier aux violations des droits constitutionnels de Khadr. Le gouvernement canadien, pour ne pas déplaire au président Georges W. Bush, a bafoué les droits d’Omar Khadr, arrêté sur le champ de bataille par les forces américaines en Afghanistan. Le juge Russel Zinn avait déploré le fait que le gouvernement du Canada se traîne les pieds dans ce dossier. Le Canada a toujours refusé de rapatrier Omar Khadr au pays pour qu’il soit jugé par un tribunal canadien. Stephen Harper qui se montre insensible à la cause d’un enfant-soldat a été épinglé, sur la scène internationale, pour la façon dont son gouvernement a géré le transfert de prisonniers afghans par les militaires canadiens, et le refus du Canada de signer la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Son bilan pour le respect des droits humains a été sérieusement mis à mal ces dernières années.

Le colonel Patrick Parrish, le juge militaire qui préside, dans le cadre d’un tribunal d’exception, le procès d’Omar Khadr, a estimé, dans un jugement rendu public en août dernier, que le jeune Canadien n’a jamais été torturé par ses geôliers ou ses interrogateurs américains. Il contredisait ainsi un jugement de la Cour suprême du Canada et le secrétaire d’Amnistie internationale Canada, Alex Neve, qui avait déclaré aux médias que ces allégations concernant la torture étaient « très crédibles ». Omar Khadr a plaidé non coupable aux cinq chefs d’accusation qui pèsent contre lui. Dans un document du 18 janvier 2002, et annoté de la propre main de Tony Blair, le premier ministre écrivait : « L’important est de savoir comment ils sont traités. Bien que j’aie d’abord été sceptique quant aux accusations de torture, nous devons signifier clairement aux Américains que de tels actes seraient totalement inacceptables et rapidement établir qu’ils n’ont pas cours ». Moins de six mois après le 11 Septembre 2001, Tony Blair avait, selon The Guardian, déjà eu vent de soupçons de torture sur des citoyens britanniques détenus en Afghanistan dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». Mais aucune torture n’aurait été pratiquée sur le jeune enfant-soldat qu’était à l’époque Omar Khadr?

Le 6 mai 2010, le Pentagone avait, de son côté, expulsé de Guantanamo les journalistes canadiens Paul Koring (« The Globe and Mail »), Michelle Shephard (« The Toronto Star »), Stephen Edwards (CanWest) et leur collègue américaine Carol Rosenberg (« The Miami Herald ») pour avoir publié le nom d’un témoin des techniques d’interrogatoires pratiquées sur le prisonnier canadien Omar Khadr, en 2002, avant son témoignage devant la cour. Les journalistes ont à présent l’autorisation de retourner sur place. Le 10 septembre 2010, le Pentagone a, selon Reporters sans frontières, édicté de nouvelles règles applicables aux médias présents à Guantanamo. Si les journalistes couvrant les commissions militaires de la base peuvent à présent s’entretenir avec le procureur ou l’avocat de la défense, le bureau des relations publiques demeure la seule autorité susceptible d’autoriser ou de répondre aux interviews sollicitées par la presse dans ce domaine.

En 2006, trois détenus de Guantanamo meurent dans des circonstances présentées par l’armée des États-Unis comme des suicides simultanés. Pour les gardiens de ce camp d’internement, la version officielle était que les trois hommes avaient été retrouvés pendus dans leur cellule et avaient été transportés à l’infirmerie. Scott Horton a consacré un article de fond sur cette incroyable histoire qui nous ramène aux pires horreurs d’Abu Ghraib. Pour Scott Horton, les trois prisonniers de Guantanamo – dont aucun n’avait de lien avec le terrorisme et dont deux devaient être libérés – ont peut-être été assassinés là-bas après d’atroces tortures. Les trois prisonniers avaient été amenés à l’infirmerie, morts étouffés parce qu’ils avaient des chiffons enfoncés dans la gorge. L’administration Obama n’a mené qu’une enquête superficielle à l’apparition de nouvelles preuves fournies par des militaires de cette possible atrocité. Comme le rapporte Slate, Joe Hickman, qui était de garde sur un mirador du camp où se trouvaient les cellules des deux hommes la nuit du 9 au 10 juin 2006, a décidé qu’il ne pouvait plus garder le silence. Il a confié à Scott Horton : « J’ai pensé que sous une nouvelle administration, et de nouvelles idées, je pourrais vraiment me faire entendre. … Cela me hantait ». Joe Hickman a commencé par faire part de ses tourments à Mark Denbeaux, de la faculté de droit de la Seton Hall University. Josh, le fils du professeur Mark Denbeaux, a accepté de représenter Joe Hickman. Joe Hickman ne souhaitait pas parler à la presse, mais il sentait que « garder le silence était mal ».

Les familles du Saoudien Yasser Al-Zahrani et du Yéménite Salah Al-Salami, respectivement âgés de 22 et 33 ans, avaient déposé une plainte contre Donald Rumsfeld, le 16 février, qui a été rejetée un juge fédéral de Washington. À la lumière des déclarations de quatre militaires, dont le gradé, Joe Hickman, les familles ont demandé au tribunal fédéral de Washington de reconsidérer leur plainte : « Le fait que le Pentagone ait bataillé pour cacher toutes les informations sur les causes et circonstances des morts tant aux familles qu’au public et aux tribunaux (…) et les détails découverts sur une couverture des faits organisée en haut lieu de probables homicides dans un « site secret » de Guantanamo (…) devraient interpeller votre tribunal ».

L’administration du président Barack Obama est intervenue pour demander le classement de la plainte. La juge Ellen Huvelle, de la Cour fédérale américaine, vient de rendre sa décision : « Le caractère extrêmement perturbant des révélations figurant dans la plainte n’est pas une base suffisante pour que celle-ci soit instruite ». Affaire classée. Le magistrat s’appuie sur un jugement de la cour d’appel de Washington selon lequel les décisions qui portent sur les conditions de détention à Guantanamo sont du ressort exclusif du Congrès et non des tribunaux, pour des raisons de sécurité nationale. Pour Talal al-Zahrani, le père de Yasser Al-Zahrani, la justice devrait enquêter sur la mort de son fils et punir les coupables. M. Obama devrait défendre les droits de l’homme et les valeurs démocratiques que les États-Unis prêchent dans le monde, plutôt que de défendre devant les tribunaux les mensonges et les crimes épouvantables de l’administration Bush.





La tyrannie du désespoir en Corée du nord

29 09 2010

L’avenir de la Corée du nord, première « dynastie communiste » de la planète et l’un des pays les plus pauvres et les plus fermés du monde,  va reposer sur les épaules d’un jeune homme âgé d’au plus de 27 ans (sa date exacte de naissance demeure mystérieusement inconnue), Kim Jong-Un, parce que le père, Kim-Jong-Il, en a décidé ainsi. La dynastie se poursuit. « The Korea Herald » s’interroge avec raison : « Jamais dans ses soixante ans d’histoire, le régime au pouvoir en Corée du Nord n’a paru aussi fragile que ce soit pour la structure de son leadership ou pour ses orientations économiques ». Pour réaliser cet objectif, Kim-Jong-Il, le père, vient d’élever au rang de général quatre étoiles le fils. Forte de 1,2 million de soldats, l’armée nord-coréenne est l’une des cinq plus importantes au monde. Pour certains observateurs, Kim Jong-un, troisième fils du dictateur nord-coréen Kim Jong-il et petit-fils du « Grand leader », Kim Il-sung, exercerait déjà une grande influence sur cette armée du régime le plus fermé de la planète. Et cette prédisposition le préparait à une ultime promotion pour occuper de hautes fonctions. Il vient également d’être nommé vice-président de la Commission militaire centrale du Parti des travailleurs de Corée (WPK), lors d’une conférence du parti, réunie ce mardi pour la première fois depuis 30 ans, Kim Jong-Il a été reconduit au poste de secrétaire général du Parti.

Selon Le Matin, de Suisse, Kim-Jong-un est le plus jeune fils de l’actuel président et de sa troisième épouse, d’origine japonaise. Son passé est entouré de mystère. Selon la presse sud-coréenne, il a vécu en Suisse, mais ce séjour n’a jamais été confirmé officiellement. En 1998, à l’école publique de Liebefeld (BE), un jeune Coréen, nommé « Pak Un », a confié à son camarade Joao Micaelo être « le fils du souverain de Corée », selon la Berner Zeitung. Selon certains spécialistes, cette information serait fausse et Kim Jong-un n’aurait jamais quitté le pays.

Kim-Jong-Il, le « Cher dirigeant », a préparé sa succession en élevant au rang de générale quatre étoiles sa sœur. Il reviendra donc à Kim Kyong-hui, âgée de 64 ans, qui a la haute main sur l’industrie légère du pays, d’encadrer le jeune fils. le jeune homme mesure 1 m 75 et pèse 90 kilos. Il souffrirait également de diabète, selon les médias sud-coréens. Elle sera assistée dans cette délicate tâche de Jang Seong-taek, son mari et l’homme considéré comme le plus puissant du régime, après Kim Jong-il.  Pour Yang Moo-Jin, spécialiste de la Corée du Nord à l’Université de Séoul, et cité par l’AFP, « la promotion de Kim Jong-Un signifie qu’il est assurément le successeur ». À 68 ans, malgré une santé chancelante, Kim-Jong-Il n’entend pas quitter aussi rapidement que le laissent apparaître les événements, le pouvoir.

Selon l’Université Laval, de Québec, la Corée du Nord est appelée officiellement République populaire démocratique de Corée (en coréen : Chosun Minjujuui Iinmin Konghwaguk ou simplement Cho-Sun, c’est-à-dire « Matin calme »). La superficie du pays est de 120 538 km², soit 40 % de l’Italie, contre 99 268 km² pour la Corée du Sud. Elle comprend neuf provinces : Hamgyong-Nord, Hamgyong-Sud, Yangkang, Chagang, Pyongan-Nord, Pyongan-Sud, Kangwon, Hwanghae-Nord, Hwanghae-Sud et trois villes au statut particulier : Pyongyang, Kaesung et Nampho. En 2003, la population de la Corée du Nord était estimée à 25,1 millions d’habitants. Selon les sources officielles, 99 % (probablement 90 % dans les faits) des habitants de la Corée du Nord sont des Coréens de souche; ils parlent le coréen. Les minorités sont essentiellement des Chinois, ainsi qu’une petite communauté japonaise. Bien que la Constitution soit censée garantir la liberté religieuse, les pratiques religieuses ne sont guère tolérées. De plus, il est très difficile de citer des statistiques, mais 68 % de la population serait « sans religion »; le reste pratiquerait des religions traditionnelles, dont le Tchondogyo (ou religion de la Voie céleste), une synthèse coréenne (présente également dans le Sud) de confucianisme, de bouddhisme et de christianisme. Environ 4 % des Nord-Coréens seraient adeptes du bouddhisme, du catholicisme et du protestantisme. Il n’en demeure pas moins qu’en Corée du Nord les activités religieuses autonomes sont presque inexistantes.

Entre temps, les problèmes s’accumulent en Corée du nord. Selon un nouveau rapport d’Amnesty International, publié en juillet 2010, North Korea: The Crumbling State of Health Care in North Korea, « la Corée du Nord ne parvient pas à assurer les besoins les plus élémentaires de sa population en matière de santé et pour sa survie. Cela est particulièrement vrai pour les personnes qui n’ont même pas les moyens de payer les soins médicaux ». Selon les derniers chiffres disponibles de l’Organisation mondiale de la Santé, la Corée du Nord a dépensé moins que tout autre pays au monde dans le domaine de la santé : au total, l’équivalent de moins d’un dollar par personne et par an.

Amnesty International dresse cet autre bilan de la Corée du nord : Au cours de la dernière décennie, quelques journalistes occidentaux ont réussi à filmer la Corée du Nord. Bien que les autorités cherchent à empêcher tout contact de la population avec l’étranger, de plus en plus d’images ont commencé à révéler ce que le régime aurait bien voulu garder caché : la faim et la pauvreté qui accablent les Nord-Coréen·ne·s. […] La situation économique catastrophique de la Corée du nord se ressent au cœur même de sa capitale. Les coupures d’électricité sont monnaie courante, et cela fait des années que les logements ne sont plus approvisionnés en eau chaude. Le chauffage y est rare. Dans les villes de province et à la campagne, les conditions de vie sont parfois dramatiques. On voit des usines abandonnées faute de sources d’énergie et de pièces de rechange, des locomotives à vapeur carburant aux vieux pneus, des pistes en béton surdimensionnées sur lesquelles ne roule aucune voiture, une agriculture inefficace utilisant l’attelage de bœufs plus souvent que la machine. Le paysage est aride, après que les occupants japonais ont abattu la plupart des arbres pendant la première moitié du vingtième siècle.

Dominique Bari s’interrogeait dans l’Humanité sur la suite des événements en Corée du nord. «  pour certains observateurs, le régime n’offre plus son homogénéité d’antan, de même que la société : les pressions de la Chine pour plus d’ouverture économique, la politique de détente avec le Sud, aujourd’hui suspendue par Séoul, comme les rencontres « historiques » des dirigeants du Sud et du Nord ont pu avoir quelques effets, même timides. La grande question restant celle de l’arsenal nucléaire nord-coréen. Qui en aura les clés ? »





Dmitri Medvedev congédie le Baron controversé de Moscou, le maire Iouri Loujkov

28 09 2010

Quel pays ne rêverait pas d’appliquer certaines règles contraignantes de la démocratie comme vient de le faire la Russie? Dmitri Medvedev a signé mardi un décret qui ordonne que le puissant maire de Moscou, Iouri Loujkov, 74 ans, qui dirige la capitale russe depuis 1996, soit « démis de ses fonctions de maire, parce qu’il a perdu la confiance du président russe ». La constitution russe permet au président de limoger le maire de Moscou ou des gouverneurs de région. Depuis 2004, les gouverneurs (le maire de Moscou a le même statut) ne sont plus élus, mais nommés par le pouvoir central. C’est Vladimir Resin, l’adjoint d’Iouri Loujkov, qui assumera l’intérim de la mairie de Moscou.

Que reproche-t-on au maire Iouri Loujkov ? En premier lieu, monsieur le maire n’a pas interrompu ses vacances en Autriche au moment où Moscou voyait s’abattre sur elle un épais smog dû aux nombreux feux de forêts faisant rage autour de la capitale. Il avait été vertement pris à partie par les médias, dont la majorité est contrôlée soigneusement par l’État. En second lieu, monsieur le maire s’est permis une critique contre une décision du président russe, Dmitri Medvedev, de de suspendre la construction d’une autoroute dont le trajet traversait une forêt, près de Moscou.

Ria Novosti nous rappelle qu’Iouri Loujkov est professeur honoris causa de l’Académie des Sciences de Russie, de l’Université d’ État de Moscou, de l’Académie du travail et des relations sociales, d’autre universités russes et étrangères et membre de plusieurs académies de Russie. Autre fait notable, monsieur Loujkov a pour épouse l’une des plus riches femmes de la planète, la présidente de la société Inteco. Elena Batourina a déclaré qu’une source anonyme du Kremlin, proche de l’administration présidentielle, se trouvait derrière les attaques contre son époux. Selon madame Batourina, la campagne contre son époux aurait pour motif la crainte, qu’en 2012, Loujkov ne prenne la tête du parti du premier ministre Vladimir Poutine, en lieu et place du président actuel, Dmitri Medvedev. Iouri Loujkov avait même laissé entendre que le pays aurait besoin d’un dirigeant plus fort après l’élection présidentielle de 2012. Lui-même avait la réputation de fonctionner depuis des années comme un mini-État au sein de l’État russe. La télévision NTV avait documenté un penchant très prononcé du couple pour la corruption et le népotisme.

Loujkov, malgré les pressions qui s’abattaient sur lui pour son esprit d’insubordination, s’obstinait à répéter qu’il n’avait pas l’intention de quitter son poste avant l’heure. Un fonctionnaire anonyme de l’administration présidentielle faisait remarquer que la décision n’appartenait pas au maire mais qu’elle relevait de la prérogative du chef de l’État. Comme l’indique encore une fois Ria Novosti, le président a le droit de démettre le maire de Moscou de ses fonctions par décret. Mais pas sans raisons et arguments. C’est une mesure exceptionnelle, extraordinaire qui peut mener à une confrontation, à un conflit et à un grand scandale. En 18 ans au poste de maire, Loujkov est devenu une légende vivante, un mythe.

Autre fait qui fâche dans la vie des Moscovites, selon le journal Vremia Novostei, Iouri Loujkov avait privé ses opposants du droit de manifester, et les nombreuses plaintes de ceux-ci étaient jusqu’alors restées sans suite. Jeudi, le tribunal principal de Moscou, qui a autorité sur les tribunaux d’arrondissement, a rendu deux décisions défavorables à M. Loujkov, qualifiant l’interdiction de manifester prononcée en mars de violation des droits constitutionnels. Selon le militant des droits de l’homme Lev Ponomarev, dans une entrevue au journal Novye Izvestia, et reprise par Le Figaro, la décision du tribunal de manière, tout à fait inattendue pour les défenseurs des droits de l’Homme, a créé un précédent important. Ce verdict signifie soit que Loujkov a perdu tout contrôle sur les tribunaux de la capitale, soit que les juges de la capitale ont décidé de respecter la loi.





La Chine se réclame pays des droits humains!

27 09 2010

À la 65ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, qui s’est ouverte le 23 septembre, les gesticulations de Mahmoud Ahmadinejad ont éclipsé dans l’actualité les interventions d’un peu plus de 30 chefs d’État ou de gouvernement dont le Premier ministre du Conseil des Affaires d’État de Chine, Wen Jiabao qui a, le 21 septembre dernier, fait une intervention intitulée « Connaître une vraie Chine ». Le Premier Ministre Wen en était à son deuxième déplacement aux Nations Unies, après celui de 2008.

Diplomatie oblige, monsieur Wen a, selon un communiqué officiel émanant de son gouvernement, rencontré le président américain Barack Obama, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et d’autres dirigeants étrangers, ainsi que des célébrités des communautés économiques et financières américaines, des groupes pour l’amitié sino-américaine, et des médias chinois et étrangers. Le premier ministre chinois a participé à un sommet des pays membres du conseil de sécurité de l’ONU et à un débat de haut niveau sur le sida. Il a rencontré l’ancien président américain, Bill Clinton, pour lui transmettre le message habituel selon lequel la confiance politique et stratégique mutuelle était cruciale pour développer plus avant les relations sino-américaines. Pour monsieur Wen, les relations sino-américaines se trouvaient actuellement à un moment crucial, mais que dans l’ensemble, les intérêts communs surpassaient les différends et les désaccords. Le Premier ministre chinois a dit souhaiter que M. Clinton puisse jouer un rôle actif pour promouvoir les relations sino-américaines.

Au-delà de ce calendrier diplomatique chargé, que faut-il retenir de la prestation de Wen Jiabao devant l’Assemblée générale de l’ONU ? Dans son exposé, monsieur Wen a affirmé que la Chine, qui célèbre son nouveau statut de deuxième économie mondiale, est toujours un pays en développement dont le produit intérieur brut par habitant n’est qu’un dixième de celui des pays développés. Toutefois, avertit monsieur Wen, la croissance économique devait s’accompagner d’une réforme du système politique du pays qui doit impérativement résoudre ses problèmes de « concentration excessive du pouvoir » et « créer de nouvelles conditions qui permettent au peuple de critiquer et de superviser le gouvernement » afin d’aller vers plus « d’équité et de justice ». « Le développement est notre première priorité. Nous allons principalement nous reposer sur nos propres efforts pour continuer à nous développer », a rappelé Wen Jiabao.

« La nation chinoise qui a créé un miracle économique, va aussi créer une splendeur culturelle », déclarait également Wen Jiabao. Et dans cet élan de réforme, pour un pays aussi peuplé que la Chine, rappelle Wen Jiabao, l’éducation doit jouer un rôle encore plus important. « La construction d’un pays de première classe demande une éducation de première classe et des talents de premier ordre ».  Dans le cadre de l’objectif millénaire du développement de l’ONU, la Chine, selon Wen Jiabao, s’efforce de protéger la santé des femmes et des enfants en assumant toutes les responsabilités en la matière. En tant que pays le plus peuplé du monde, la Chine a obtenu des progrès dans ce domaine, déclarait Wen Jiabao lors de la cérémonie de démarrage de la stratégie sur la santé des femmes et des enfants de l’ONU.

Au plan intérieur, la Chine vient de publier le livre blanc « Les progrès réalisés par la Chine en matière de droits de l’homme en 2009 ». Neuf de ces livres blancs ont été, par le passé, publiés. L’objectif de leur publication est de permettre à la communauté internationale de mieux connaître la situation des droits de l’homme en Chine. En 2009, le gouvernement chinois a promulgué et mis en application le Plan d’action national sur les droits de l’Homme (2009-2010). Selon Liu Huawen, chercheur adjoint de l’Institut de recherche juridique à l’Académie des sciences sociales de Chine, cité par Radio Chine Internationale, « le livre blanc démontre de manière objective et globale que le gouvernement et le peuple chinois ont effectivement promu la réalisation des droits de l’homme au fur et à mesure du développement économique et social, du progrès politique et juridique et de la prospérité de la vie matérielle et culturelle. Grâce à ce livre blanc, on peut constater les succès remportés par la Chine pour protéger les droits de l’homme, de même que les perspectives de développement en la matière ».

S’il y avait autant de progrès en matière des droits de l’homme en Chine, pourquoi l’Union européenne sent-elle le besoin de soulever, lors de son prochain sommet avec Pékin le 6 octobre, cette question? Si l’Union européenne reconnaît que la Chine a progressé en matière de droits économiques et sociaux, et qu’elle a beaucoup fait pour améliorer la situation économique de millions de citoyens chinois, le commissaire au Commerce, Karel De Gucht, rappelle qu’il y a de fortes attentes à l’échelle internationale pour que la Chine se conforme à des normes internationalement reconnues en matière de droits de l’homme. Ce que souhaitait Liu Xiaobo qui lançait en 2008 la « Charte 08 » qui réaffirmait que la « déclaration universelle des droits de l’Homme » et les « pactes sur les droits civils et politiques » devaient constituer des normes d’action pour le gouvernement et le peuple chinois. Ce qui lui a valu onze ans de prison pour subversion. Il sera à nouveau question de la situation au Tibet. L’Union européenne appelle la Chine à permettre au peuple tibétain d’exercer pleinement ses droits politiques, religieux, économiques et sociaux. Cette démarche suscite toutefois des divergences entre pays de l’UE.

Les États-Unis ont dressé une liste d’entreprises chinoises dont les produits sont interdits à l’importation parce que ces sociétés sont soupçonnées d’être des paravents cachant des « laogai » (camps de rééducation par le travail). L’Union européenne, en revanche, ne dispose pas d’un tel instrument mais elle se montre prête à étudier l’efficacité de la législation américaine visant à empêcher de telles importations. « Nous devons reconnaître qu’il y a des limites à cette approche, qui n’a pas entraîné pour l’instant de changement notable dans la politique chinoise en matière de laogai », a déclaré le commissaire Stefan Füle.

Cela n’empêche pas le pays du Milieu de publier un livre blanc sur « Les progrès réalisés par la Chine en matière de droits de l’homme en 2009 ». Et d’évoquer le fait que,  en raison de son développement insuffisant et déséquilibré, il y demeure encore des problèmes liés aux droits de l’Homme. Le gouvernement chinois est en train de prendre des mesures énergiques visant à promouvoir le développement scientifique et l’harmonie sociale tout en s’efforçant de rendre la société plus équitable et harmonieuse, et la vie de la population, plus respectable et plus heureuse.

Lors de cette rencontre du 6 octobre, sera-t-il question de Chen Guangcheng, juriste autodidacte et aveugle, qui a aidé des villageois à engager des poursuites contre les autorités de la ville de Linyi, lesquelles auraient forcé des milliers de femmes à avorter afin que les quotas fixés par le gouvernement central soient respectés ? Chen Guangcheng a été libéré de prison jeudi après avoir purgé sa peine de plus de quatre ans de réclusion. Comme l’indique Libération, selon des documents et témoignages, des avortements forcés étaient pratiqués – et le sont peut-être toujours – jusqu’au huitième mois de grossesse. Les cadres ne reculaient devant rien pour remplir les quotas dont dépendent leur promotion et leur salaire. Afin de contraindre une femme attendant un enfant « hors-quota » à sortir de sa cachette, ils prenaient en otage des membres de sa famille. C’est pour avoir dénoncé ces méthodes mafieuses que Chen Guangcheng a été condamné.

Lors de cette rencontre du 6 octobre, sera-t-il également question de Gao Zhisheng, célèbre avocat chinois des droits de l’Homme, qui a été récompensé par l’Association du Barreau américain pour son travail en faveur des droits Humains ? Lors d’une cérémonie à San Francisco, sa fille, âgée de 17 ans, a accepté le prix au nom de son père. Gao est l’un des avocats les plus respectés. Il a souvent accepté de défendre les propriétaires d’immeubles, les églises chrétiennes et les pratiquants du Falun Gong. Gao est porté disparu depuis l’an dernier. Il a brièvement réapparu en avril de cette année avant de disparaître à nouveau. Personne ne sait s’il se cache, s’il est détenu ou mort.

Le philosophe et académicien chinois, Xu Youyu, a suggéré au Comité Nobel de Stockholm que Liu Xiaobo soit le nouveau lauréat du prix Nobel de la paix en cette année 2010. Le mouvement prend de l’ampleur, comme en témoigne cette lettre signée de Vaclav Havel dans le New-York Times. Jeffrey N Wasserstrom est professeur d’histoire à l’University of California à Irvine et éditeur du Journal of Asian Studies. Il explique que les dirigeants chinois ont une personnalité double et leur facette confiante inquiète leurs voisins et les Etats-Unis. Le fait que la Chine s’empresse de trouver des arrangements avec certains manifestants, plutôt que de traiter toute forme d’action collective comme subversive, peut être vu comme un sentiment de sécurité croissant. A l’inverse, les actions les plus dérangeantes de la Chine peuvent être attribuées à un sentiment d’insécurité exacerbé. Pensez à la manière rude dont l’empêcheur de tourner en rond Liu Xiaobo a été traité. Accusé de « subversion » sur de fausses accusations, ce critique a été condamné à onze ans de prison pour avoir lancé une pétition sur Internet mettant au défi les libertés civiles. Comment un activiste pourrait-il troubler une élite sûre d’elle-même ?





La Palestine siégera-t-elle aux Nations Unies, un jour ?

24 09 2010

Barack Obama a, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, émis l’hypothèse que les membres pourraient accueillir d’ici un an un nouveau membre s’ils appuient ses efforts de paix au Proche-Orient : « Quand nous reviendrons ici l’année prochaine, nous pourrions avoir un accord qui nous mènera à accueillir un nouveau membre des Nations unies : un État de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël ». Pour réaliser cet objectif, très audacieux, Barack Obama a exhorté ses homologues du monde entier à mettre fin à leurs divisions sur le conflit pour favoriser la paix. Les négociations ont repris le 2 septembre dernier, sous l’égide des États-Unis, après vingt mois d’interruption.

Dans une formule choc, le président américain a explicité son point de vue : « Ceux d’entre nous qui sont des amis d’Israël doivent comprendre que la vraie sécurité pour l’État juif requiert une Palestine indépendante. Et ceux d’entre nous qui sont amis des Palestiniens doivent comprendre que les droits du peuple palestinien ne seront conquis que par des moyens pacifiques, dont une véritable réconciliation avec un Israël en sécurité ».

Du côté de l’Autorité palestinienne, le président Mahmoud Abbas croit que les négociations ont « une chance d’aboutir » avec le soutien de la communauté internationale. Le seul obstacle à cette réussite, toutefois, selon M. Abbas, serait la reprise de la colonisation juive en Cisjordanie occupée, à l’expiration, dimanche 26 septembre, d’un moratoire en place depuis dix mois. Environ 300.000 Israéliens vivent dans 120 colonies officiellement reconnues en Cisjordanie. Et 192.000 autres sont implantés à Jérusalem-Est. Pour monsieur Abbas, « Le monde entier considère que la colonisation est illégale donc il faut qu’elle cesse. Nous ne demandons que l’arrêt de la colonisation pour donner une chance aux négociations, faute de quoi il sera extrêmement difficile de les poursuivre ». Notons qu’une centaine d’autres colonies non autorisées et non reconnues par Israël seraient également installées en Cisjordanie. L’armée israélienne a, de son côté, fixé l’échéance au 30 septembre à minuit.

Pour chercher des appuis à ce dialogue direct entre Israël et l’Autorité palestinienne, Hillary Clinton s’est adressée à l’émir du Qatar, Hamad Al-Thani, au ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, et au comité de suivi de la Ligue arabe. Le Quartette pour le Proche-Orient est également intervenu pour qu’Israël prolonge le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie. Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, Barack Obama a rappelé la position américaine, identique à celle du Quartette pour le Proche-Orient, de l’Union européenne ou encore de l’Égypte, médiateur dans ce dossier : « Le moratoire sur les colonies juives a changé les choses sur le terrain et a amélioré l’atmosphère des discussions. Notre position sur cette question est bien connue. Nous pensons que le moratoire doit être prolongé ». […] Pour le président américain : « Les pourparlers actuels doivent se poursuivre jusqu’à leur aboutissement ».

Le représentant du Quartette, Tony Blair, a estimé dans Le Monde qu’il y avait « de bonnes chances d’arriver à un accord de paix » : « Et ce pour deux raisons. La première, c’est que Barack Obama a fait du Proche-Orient l’une de ses priorités. La deuxième, c’est que l’ensemble de la région y est favorable ». Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, le Quartette devrait adopter une position plus active afin d’appuyer les négociations entre Palestiniens et Israéliens. Sergueï Lavrov, en visite de travail à Paris, a dit souhaiter que le Quartette – (Russie, États-Unis, Union européenne et Onu) – soit directement impliqué dans l’organisation de ce dialogue. Les Nations unies et l’Union européenne ont ajouté leur voix pour un gel de la colonisation.

Benyamin Netanyahou refuse toujours de prolonger le moratoire. Hillary Clinton a indiqué clairement qu’elle espérait une prolongation de ce moratoire, comme l’a demandé le président américain Barack Obama. Danny Ayalon, le vice-ministre israélien des affaires étrangères, a évoqué la possibilité d’une solution de « juste milieu », comme une reprise limitée de la colonisation. Les Israéliens demeurent toujours divisés sur la création d’un État palestinien. Le président égyptien Hosni Moubarak est intervenu sur cette même question en indiquant qu’il s’aligne sur la position américaine et il demande « d’arrêter la colonisation durant trois ou quatre mois » supplémentaires, dans le but « de parvenir à un accord de paix dans trois ou six mois ».

Benyamin Netanyahou pourrait être tenté de négocier une prolongation de ce moratoire en sollicitant des États-Unis un geste de bonne volonté destiné à faire accepter à sa coalition une prolongation du gel de la colonisation. Il demanderait rien de moins que la libération de l’Américain Jonathan Pollard, condamné à la prison à vie, aux États-Unis, en 1987, pour espionnage au profit d’Israël. Selon la radio militaire israélienne, un émissaire aurait été chargé par le premier ministre de sonder l’Administration Obama sur ce sujet. Le cabinet de Benyamin Nétanyahou a refusé de confirmer l’information. Les responsables du renseignement américains seraient farouchement opposés à une telle mesure de clémence à l’égard de celui qu’ils qualifient de l’un des pires espions de l’histoire des États-Unis. Nétanyahou avait déjà demandé la grâce de Jonathan Pollard à Bill Clinton en 1998.

Un groupe israélien de gauche, Peace Now a emmené des élus, des journalistes et des photographes à bord d’un avion pour survoler la Cisjordanie. Le but était de montrer que la colonisation israélienne continue et que le territoire sera bientôt indivisible, ce qui éliminera ainsi la possibilité de créer deux États distincts.

Une ONG américaine luttant en faveur de la paix au Proche-Orient, Americans for Peace Now (APN), a mis au point, technologie oblige, une application, à partir d’une carte Google, pour les téléphones multimédia iPhone et les tablettes numériques iPad qui permet de suivre l’avancée de la colonisation israélienne en Cisjordanie. « N’importe qui, n’importe où, peut désormais se connecter et voir la réalité du terrain », a déclaré dans un communiqué Debra DeLee, présidente et directrice exécutive de l’ONG. Cette application, dénommé «  Facts on the Ground : the APN Map Project », est en réalité une carte géopolitique interactive qui représente des années de collecte d’informations.

Encore une fois, les négociations directes dépendront de la bonne volonté des uns et des autres. Benyamin Netanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas se sont engagés à se rencontrer toutes les deux semaines. Comme rien n’est simple au Proche-Orient, Abbas a prévenu qu’il ne négocierait pas « un seul jour » avec Israël si ce dernier reprenait la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. De son côté, tout indique que Benyamin Netanyahou n’a pas changé de position sur cette question : « il n’y a aucune décision de prolonger le moratoire au-delà de la date prévue ». M. Netanyahou aurait consulté le « forum des sept » principaux ministres qui a décidé de ne pas prolonger le gel partiel de la colonisation. Et pour compliquer davantage la situation, selon un sondage publié par le quotidien Yédiot Aharonot, une majorité d’Israéliens (51%) estime que le Premier ministre Benjamin Netanyahou doit ordonner la reprise de la construction à l’issue du moratoire, le 26 septembre. 39% sont favorables à la poursuite du gel partiel de la colonisation et 10% sont sans opinion.

Selon un autre sondage, celui-là émanant du Jerusalem media and communications centre (JMCC), un centre de médias et de communication palestinien, cité par Le Figaro, les Palestiniens sont en majorité (54,3%) favorables à la reprise des négociations de paix avec Israël et opposés à la lutte armée, mais ils ne croient pas que ces pourparlers déboucheront sur un accord. Selon le même sondage, près de 60% des personnes interrogées sont hostiles à des « opérations militaires contre des cibles israéliennes ». 30% y sont favorables. Un sondage israélien récent montrait que les Israéliens sont plus sceptiques, 71% ne croyant pas que les discussions directes déboucheront sur un accord de paix.

Qui veut la paix au Proche-Orient ?

Nassif Hitti est ambassadeur de la Ligue arabe. Il se montrait pessimiste au micro de RFI : « Nous avons toujours appelé à des négociations directes, mais des négociations directes avec le bon cadrage, un calendrier précis et que tous les enjeux qui font le conflit israélo-arabe soient mis sur la table. Malheureusement, il n’y a eu jamais cela. Nous attachons toujours une grande importance à ces négociations, mais en même temps, je ne peux être que sceptique. Je trouve très difficile sur le terrain de maintenir une politique de colonisation très active, – actuellement où il y a plus de 500 000 colons entre Jérusalem-Est et la Cisjordanie -, d’une part et négocier l’avenir des territoires et l’établissement d’un État palestinien viable d’autre part. Je vois mal comment on peut avancer ».

Sans accord, disait Barack Obama, devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, « cette Terre sainte resterait un symbole de nos différences, au lieu d’être celui de notre humanité commune », et « plus de sang sera versé ».