Omar Khadr est-il vraiment coupable?

29 10 2010

Il existera toujours un doute sur le simulacre de procès qui a mené Omar Khadr à se déclarer coupable du meurtre du soldat Chris Speer. Il existera toujours un doute sur la culpabilité forcée ou volontaire d’Omar Khadr qui à quinze ans a été enfermé à Guantanamo, ne bénéficiant d’aucun statut, d’uucun droit, d’aucune reconnaissance d’enfant-soldat. Nullum crimen, nulla poena sine lege. Il a même été oublié par son pays, le Canada, qui s’est rangé honteusement derrière les États-Unis en participant directement aux tortures morales infligées à un jeune homme de 16 ans pour obtenir insidieusement des aveux. La sentence du tribunal militaire d’exception sera prononcée ce samedi. Sans que justice n’ait été rendue.

Il n’existera aucune certitude sur la culpabilité d’Omar Khadr devant la décision du juge militaire Patrick Parrish d’admettre en preuve des aveux extorqués de manière scandaleuse. Selon ce militaire, le jeune Omar Khadr n’a jamais été torturé par ses geôliers ou ses interrogateurs américains. Il faut préciser qu’à la fin du mois de mai 2008, le Pentagone avait remplacé le juge militaire qui entendait la cause de Khadr après qu’il eut critiqué le gouvernement pour ne pas avoir transmis les documents liés aux traitements qu’a subis Khadr à Guantanamo. Par sa décision, le juge militaire Parrish, plus conforme aux directives du gouvernement des États-Unis, a bafoué les conventions internationales qui accordent une protection spéciale aux enfants impliqués dans des conflits armés et que les tribunaux internationaux refusent de les poursuivre. Il a nié les droits d’Omar Khadr à une défense pleine et entière pour des motifs militaires, ignorant les règles élémentaires de droit et de justice. Ce déni des droits humains a été reconnu par la Cour suprême du Canada.

Le juge Parrish n’a pas pris en compte le témoignage d’un soldat qui a admis que des tortures ont été exercées sur le jeune Khadr. Le réseau anglais de Radio-Canada avait, dès 2008, retrouvé Damien Corcetti, le premier soldat américain qui a interrogé le jeune homme, en Afghanistan. « Avec le recul, je peux maintenant dire que c’était vraiment de la torture », admet M. Corcetti, qui a quitté l’armée américaine depuis. Jane Mayer, correspondante à la revue New Yorker, a expliqué en 2008, à Radio-Canada, avoir épluché les documents du département américain de la Justice. « Pour qu’il y ait torture, il faut causer une douleur qui entraîne soit la défaillance d’un organe ou une mort appréhendée. Tout le reste n’était pas de la torture », expliquait la journaliste. Cela explique sans doute pourquoi les États-Unis n’ont jamais voulu adhérer au Statut de Rome qui dicte les règles du Tribunal pénal international.

Pendant tout ce temps, le gouvernement du Canada, en refusant d’intervenir pour protéger les droits d’Omar Khadr, citoyen canadien, emprisonné à Guantanamo, s’est fait complice du mauvais trraitement qui lui a été infligé. M. Harper a toujours refusé de s’impliquer dans cette affaire, stipulant que Khadr faisait face à de sérieuses accusations et que les procédures légales aux États-Unis devaient suivre leur cours. Le gouvernement du Canada, comme il a été démontré depuis, savait pertinemment qu’Omar Khadr était soumis aux méthodes d’interrogation surnommées « stress et contrainte ». Les trois agents canadiens du SCRS ont même procédé à un interrogatoire d’Omar Khadr, digne des méthodes de Guantanamo, qui venait de subir des privations de sommeil abusives en violation de la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants et des Conventions de Genève de 1949. Au terme de ce pénible et éprouvant interrogatoire qui a duré, en février 2003, quatre jours, l’agent canadien du SCRS reproche à Omar de ne pas dire la vérité. Omar Khadr réplique tout simplement : « vous n’aimez pas la vérité ».

Dans son témoignage devant ce tribunal d’exception de Guantanamo, Omar Khadr a révélé que les interrogateurs américains l’avaient menacé en 2002 d’un viol collectif dans une prison américaine, aux mains de quatre « gros noirs » détenus patriotiques. Que valent ces paroles d’un enfant de quinze ans qui, huit ans plus tard, intervient auprès d’un jury composé exclusivement de militaires : « Je vous demande de considérer cette lettre sur ce qui m’est arrivé à Bagram en 2002. Il est difficile pour moi d’en parler. Je sais que cela ne change rien à ce que j’ai fait, mais j’espère que vous y penserez lorsque vous me punirez. Cette histoire m’a fait très peur et j’ai beaucoup pleuré ». Pour le juge Patrick Parrish, ce ne sont pas là des tortures, telles que définies par les règles internes des États-Unis.

Aujourd’hui Omar Khadr s’est accusé d’avoir lancé la grenade qui a coûté la vie à un soldat américain lors de combats en Afghanistan en 2002. Témoignant lui-même, dans son procès, le jeune détenu s’est adressé jeudi à la veuve du soldat Chris Speer. Après avoir présenté ses excuses, il a répondu, à une question de son avocat : « J’aurais souhaité pouvoir faire quelque chose pour effacer cette douleur ». Omar Khadr a expliqué qu’il a compris en prison la « beauté de la vie » et qu’il souhaite devenir médecin afin de « soulager les autres de la douleur ».

Tabitha Speer, veuve du soldat tué en Afghanistan par Omar Khadr, s’est adressée directement à l’accusé : « Omar Khadr avait un choix à faire le 27 juillet 2002. Il pouvait se rendre (…), mais il a choisi de rester et de se battre. Tout le monde parle de lui comme d’une victime, d’un enfant. Les victimes, les enfants, ce sont mes enfants, et pas vous ». Sans minimiser la peine de madame Speer, elle n’a manifesté aucune pensée pour les 600 soldats étrangers tués depuis le début 2010 en Afghanistan, pour les 2.170 soldats de la coalition internationale tués en Afghanistan depuis le début de l’intervention militaire menée par les États-Unis qui a chassé les talibans du pouvoir à la fin 2001, pour les 1.348 soldats américains qui composent plus des deux tiers des quelque 150.000 hommes de la coalition, pour les 109.032 morts en Irak, dont plus de 60% de civils, soit 66.081 personnes. Parmi toutes ces personnes, se peut-il qu’il y ait eu des enfants et des pères et des mères innocentes des politiques interventionnistes des États-Unis et de leurs milliers de mensonges pour justifier ces guerres? Et c’est sur un enfant-soldat que les États-Unis et le Canada font porter toute la lâcheté de ces guerres, fondées sur des mensonges éhontées, et menées à des fins autres que celles annoncées. Les enfants de madame Speer ont raison de déplorer la perte de leur père, parti en guerre en Afghanistan, vraisemblablement le cimetière de l’OTAN, comme l’écrivait William Pfaff le 22 mai 2007, dans l’International Herald Tribune. Ce père a probablement cru en une cause qui n’a plus de nom tant le déshonneur et la désorganisation en sont les principales caractéristiques.

Qui, devant ce tribunal militaire d’exception, se montrera soucieux du fait que, comme l’indique la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navanethem Pillay, les informations, dévoilées tout récemment par Wikileaks, renforcent les « inquiétudes » sur ces graves violations de la législation internationale qui ont eu lieu en Irak, dont des exécutions sommaires de plusieurs civils? Qui s’est montré préoccupé, devant le tribunal militaire d’exception, par le fait que les États-Unis ont continué à transférer des milliers de détenus aux autorités irakiennes, même si elles savaient qu’ils étaient torturés. Devant quels tribunaux seront traduits, si tant est qu’ils sont identifiés et accusés, ces « responsables d’homicides illégaux, d’exécutions sommaires, de torture et d’autres graves atteintes aux droits de l’homme »?

Stephen Harper, Premier ministre du Canada a fermé les yeux puis nié ces transferts de prisonniers en Afghanistan qui étaient menés droits à la torture. Cela explique pourquoi il peut se permettre de fermer les yeux devant le cas d’Omar Khadr. Cet Afghanistan, vraisemblablement le cimetière de l’OTAN, comme l’écrivait William Pfaff le 22 mai 2007, dans l’International Herald Tribune.





Omar Khadr ne se bat pas, ne lance pas d’étrons comme d’autres le font mais il est dangereux !!

27 10 2010

« Omar Khadr parle anglais, c’est un garçon charmant, qui se comporte avec une certaine grâce, qui lit Harry Potter mais qui a aussi mémorisé le Coran plutôt que de prendre des cours pour s’occidentaliser. Omar Khadr est hautement dangereux. C’est la Rock Star de Guantanamo qui a mariné dans un environnement musulman radical. En prison, il ne se bat pas, ne lance pas d’étrons comme d’autres le font mais il a traité un gardien noir de putain et d’esclave » (Michael Welner, psychiatre, dans son diagnostic après sur deux jours d’entretien avec le détenu, à Guantanamo, en juin dernier).

Pour Martin Scheinin, rapporteur spécial de l’ONU sur le contre-terrorisme et les droits de l’homme, aucun des crimes pour lesquels Omar Khadr a plaidé coupable n’est un crime de guerre. Pas un seul. Le procès pour crime de guerre intenté contre le jeune Canadien Omar Khadr est une honte pour les États-Unis (Source : AFP).

C’est également une honte pour le Canada qui s’est rendu complice de ce simulacre de procès.

Stephen Harper, premier ministre du Canada, de la mouvance des conservateurs de droite plus intolérants, est à Kiev. Il a déposé un pot de grains au pied de la statue de bronze d’une jeune fille émaciée. Monument érigé à la mémoire des millions de personnes mortes affamées dans les années 1930, en plein régime soviétique qui avait de façon délibérée coupé les vivres aux habitants du pays d’Europe de l’est. Stephen Harper est un homme culotté. Rien n’échappe à ses plans électoralistes. Par ce geste, le premier ministre canadien veut rejoindre la communauté ukrainienne canadienne en prévision d’une future élection. Et sur des accents de tremolo, il déclare : « Près de 10 millions de personnes – un nombre qui ne sera jamais officialisé – ont été tuées par les plans ébauchés délibérément par leur propre gouvernement. […] J’espère que cela rappellera à tout jamais aux Ukrainiens l’importance de leur liberté, de la démocratie, de leur indépendance et de la nécessité de toujours défendre ces valeurs ».

Plus tôt, à Montreux, en Suisse, le Premier ministre du Canada a, lors du sommet de deux jours des leaders de la Francophonie, déclaré que l’organisation est devenue plus active dans la défense des droits humains et du règne du droit. Où les leaders de la francophonie ont-ils choisi de tenir le 14e sommet de la Francophonie? En République démocratique du Congo (RDC) dont le président est Joseph Kabila. Le nombre de victimes de la guerre civile congolaise, qui a commencé en 1996, s’élèverait à trois millions. Harper a dit que les choses ont changé depuis que l’organisation s’est engagée à prendre plus de responsabilités au chapitre des droits humains, il y a 10 ans. S’est-il objecté à la tenue du Sommet de la francophonie en RDC? Le Madagascar et la Guinée sont sous le coup de suspensions pour des violations des droits humains. La France a délégué à ce Sommet un ancien président, Jean-Pierre Raffarin.

Stephen Harper est-il en mesure de prodiguer ainsi ses précieux conseils en matière de protection des droits humains? En janvier 2010, la Cour suprême du Canada a épinglé sévèrement le Canada pour avoir failli à ses responsabilités dans la protection des droits d’Omar Khadr, ressortissant canadien, qui n’avait que 15 ans lorsqu’il a été fait prisonnier par les États-Unis. Auparavant, la Cour fédérale avait dénoncé le fait que le Canada avait délibérément ignoré le fait qu’Omar Khadr aurait dû être considéré comme un enfant-soldat, puisqu’il n’avait que 15 ans au moment de son arrestation. « […] la violation de la Charte qui découle des actes des responsables canadiens est exacerbée par le fait qu’au moment considéré, les autorités savaient que M. Khadr était un « enfant » au sens de la Convention relative aux droits de l’enfant ».

Le jugement de la Cour suprême est clair et limpide : « La Cour déclare que, compte tenu de la conduite de responsables canadiens lors d’interrogatoires menés en 2003 et 2004, telle qu’elle est établie par la preuve, le Canada a activement participé à un processus contraire aux obligations internationales qui lui incombent en matière de droits de la personne et a contribué à la détention continue de l’intimé, de telle sorte qu’il a porté atteinte à son droit à la liberté et à la sécurité de la personne que lui garantit l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés, et ce, de manière incompatible avec les principes de justice fondamentale ».

Depuis huit ans, il est enfermé à Guantanamo, privé de tous ses droits d’un procès juste et équitable. Le père d’Omar Khadr l’envoie s’entraîner, alors qu’il est âgé de onze ans, dans les camps d’Al Quaida, en Afghanistan. Il ordonne à son fils de rester avec un groupe de combattants pour servir d’interprète, puisque le jeune Khadr parle trois langues. Au cours d’un échange de tirs en Afghanistan en 2002, Omar Khadr croyait qu’il allait mourir, et il a voulu tuer autant d’Américains qu’il le pouvait avant de disparaître. Dans cet exposé conjoint des faits, que le jeune Khadr a signé, il admet avoir été « content » lorsqu’il a appris qu’il avait tué un soldat américain. Ces déclarations ont été produites devant le Tribunal d’exception de Guantanamo après qu’Omar Khadr ait accepté de plaider coupable à ces accusations. En avril dernier, le juge Patrick Parrish, qui réside le tribunal d’exception de Guantanamo devant qui se présente Omar Khadr, avait écouté pendant près d’une semaine, les témoignages des différents militaires et agents fédéraux qui ont interrogé l’enfant-soldat. Outre les privations de sommeil ou les positions inconfortables, un des interrogateurs avait raconté avoir inventé un scénario de viol pour l’impressionner. Ce même Patrick Parrish a tout simplement rejeté la demande de la défense pour que les « aveux », qu’Omar Khadr a pu faire dans les prisons de Bagram puis de Guantanamo, ne puissent pas servir de base à l’accusation : « Il n’existe aucune preuve crédible de tortures subies par l’accusé (…) même en recourant à une interprétation large compte tenu de l’âge de l’accusé ». Le juge n’avait pas justifié sa décision.

Les avocats d’Omar Khadr avaient dénoncé « le premier procès d’un enfant-soldat de l’histoire moderne ».

La Cour suprême a, dans un jugement sévère, affirmé, au même titre que les tribunaux précédents qui se sont penchés sur le sort d’Omar Khadr, qu’il est inadmissible que le Canada n’ait jamais agi pour défendre son ressortissant. Comme le montre bien le parti d’opposition à Ottawa, le Bloc québécois, si la Cour estime qu’il ne lui revient pas d’ordonner le rapatriement de M. Khadr, elle affirme tout de même que la réparation demandée par Omar Khadr, soit le rapatriement, est justifiée en raison d’un mauvais traitement. L’obstination idéologique du gouvernement fédéral dans ce dossier est d’autant plus inquiétante et condamnable que les ressortissants de tous les autres pays occidentaux ont été rapatriés de Guantanamo depuis déjà fort longtemps. Human Rights Watch (HRW) va dans le même sens : « La Cour a condamné à l’unanimité la participation du Canada dans les interrogatoires abusifs contre Omar Khadr à Guantánamo. Les juges ont refusé d’imposer le redressement juridique que nous espérions – le rapatriement – mais la décision déclaratoire qu’ils ont faite est un énoncé fort qui oblige le gouvernement canadien à agir ». La puissante American Civil Liberties Union (ACLU) voyait dans ce jugement de la Cour suprème du Canada un message au gouvernement américain. Elle avait demandé à Eric Holder, procureur-général américain, d’extrader Omar Khadr vers le Canada, où il aurait pu être réhabilité après avoir vécu des années de détention et de mauvais traitements.

Pour ne pas rapatrier Omar Khadr, le Canada se réfugie derrière cet argument : « Le Canada reconnaît l’indépendance du processus américain. Omar Khadr fait face à des accusations sérieuses aux États-Unis; c’est aux États-Unis que ça va se régler ». Et pour Marie-André Chouinard, du site Mondialisation, Omar Khadr est le premier de tous les détenus de Guantánamo à subir un procès en vertu des nouvelles règles régissant les commissions militaires, sous l’administration Obama, qui avait pourtant promis pendant sa campagne d’en finir avec la justice d’exception. C’est le seul Occidental incarcéré à Cuba à n’avoir pas été rapatrié par son propre pays. Alors qu’il n’avait que 16 ans, Omar Khadr, interrogé par les agents du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS), comprend rapidement que ses « sauveurs » logent dans le camp des bourreaux, affirme madame Chouinard.

Omar Khadr, âgé de 24 ans, après huit ans d’emprisonnement à Guantanamo, sans droits ni procès, a accepté lundi de plaider coupable de toutes les accusations de « crime de guerre » pesant contre lui, réduisant son procès au seul examen par un jury des circonstances aggravantes et atténuantes entourant ces « crimes ». Cet aveu, commente l’organisation américaine de défense des libertés civiles (ACLU), va faire que les États-Unis vont s’épargner la honte de juger un enfant soldat dans un tribunal que le monde presque dans son entier juge illégitime. « M. Khadr est enfermé depuis huit ans, il aurait probablement avoué n’importe quoi juste pour en sortir », confirme Eugene Fidell, professeur de droit à Yale, cité par l’AFP.  « Huit ans pour arriver à cela, c’est un scandale, c’est injuste pour les victimes et leur famille et c’est injuste pour lui ». Human Rights First enfonce le clou : « les États-Unis n’auront plus à entrer dans les détails embarrassants des tortures subies par Omar Khadr ou à supporter les multiples appels contestant la constitutionnalité des charges pesant contre lui ».

Ce lundi, Omar Khadr, après huit ans de détention à la controversée prison de Guantanamo, a reconnu être coupable du meurtre du soldat Christopher Speer, de tentative de meurtre, de complot, d’espionnage, et de soutien au terrorisme. Il appartiendra maintenant à sept membres du jury, tous militaires, d’entendre des témoignages pour établir une sentence. Yves Boisvert, du quotidien La Presse, de Montréal, s’interroge : « quand l’aveu est extorqué après des années de détention en contravention avec les normes internationales, que les accusations contreviennent aux conventions internationales, que l’accusé n’a pas de chance raisonnable de faire valoir ses droits, que vaut cet aveu? Autant qu’une confession obtenue sous la torture ». Comme l’indique Yves Boisvert : « Khadr a également posé des mines pour Al-Qaïda. Songeons que plus de 1000 soldats américains sont morts dans les combats en Afghanistan et que Khadr est le seul à avoir été accusé de meurtre ».

Et pour Yves Boisvert, toute la honte de ce simulacre de procès rejaillit en très grande partie sur le Canada : « Honte au gouvernement canadien qui n’a jamais dénoncé ce processus et qui se distingue parmi toutes les démocraties constitutionnelles pour n’avoir jamais réclamé le rapatriement de son citoyen prisonnier à Guantánamo ».

Si Omar Khadr avait plaidé non coupable, il aurait pu se voir condamné à la prison à perpétuité.

S’il a plaidé coupable, Omar Khadr sera-t-il pour autant rapatrié au Canada? Rien n’est moins sur : « M. Khadr se reconnaît coupable de meurtre en contravention avec le droit international humanitaire, de tentative de meurtre en contravention avec ce droit, de conspiration, de soutien matériel au terrorisme et d’espionnage. D’après les médias, M. Khadr s’est aussi reconnu coupable d’être membre d’Al-Qaïda, d’avoir placé des bombes en bordure des routes et de s’en être pris sciemment à des victimes civiles. Cette question concerne M. Khadr et le gouvernement des États-Unis », a déclaré Lawrence Cannon, ministre des Affaires étrangères du Canada.

Le député néo-démocrate Thomas Mulcair rejoint le commentaire d’Yves Boisvert, du quotidien La Presse : « En vertu des règles de droit international, M. Khadr était un enfant-soldat qui avait droit à la protection du droit international et du droit intérieur du Canada. Il est honteux que le gouvernement du Canada continue de faire fi d’une entente internationale dont on était l’un des premiers signataires ».

Sur la protection des droits humains, quelle leçon peut donner le Canada aux pays qui les bafouent?





Wikileaks… un début de vérité et la fin de certains mensonges

25 10 2010

Les États-Unis, face à l’Irak, affirment qu’ils n’avaient qu’un but : déloger le tyran Saddam Hussein tout en instaurant la démocratie dans ce pays. Depuis cette invasion, que d’encre a coulé pour dénoncer cette vision unilatérale des États-Unis. Vous souvenez-vous, dans un premier temps, des 237 mensonges entourant cette invasion ? « Les 237 déclarations trompeuses peuvent être divisées en 4 groupes », écrivait Le Monde Diplomatique. « Les 5 dirigeants (le président Bush, le vice-président Cheney, le secrétaire à la défense Rumsfeld, le secrétaire d’État Powell et la conseillère pour la sécurité Rice) ont fait 11 déclarations prétendant que l’Irak représentait une menace à traiter d’urgence ; 81 exagéraient ses capacités nucléaires ; 84 surévaluaient son arsenal chimique et biologique ; et 61 caractérisaient de façon inexacte [misrepresented] ses liens avec Al-Qaida ». Les premiers mensonges ont été faits au moins un an avant le déclenchement des hostilités en Irak, soit en mars 2003, et ont continué jusqu’au 22 janvier 2004. Puis, dans un second temps, deux organisations, Center for public integrity et Fund for independence in journalism, ont, en 2008, recensé au moins 935 fausses déclarations de hauts responsables de l’administration sur la menace de l’Irak de Saddam Hussein pour la sécurité nationale. Ces mensonges énoncés volontairement avaient pour seul but de justifier l’invasion de l’Irak en 2003. Qui pourrait, aujourd’hui, soutenir que ces mensonges ont cessé depuis?

Tout récemment, Tony Blair a révélé qu’il aurait engagé son pays dans la guerre en Irak même s’il avait su que Bagdad n’avait pas d’armes de destruction massive. Et d’ajouter le plus simple du monde:  « Évidemment, nous aurions employé et développé des arguments différents quant à la nature de la menace ». C’est oublier trop rapidement que ce même Tony Blair déclarait, en mars 2003, que Saddam Hussein disposait d’ADM qu’il pouvait déployer en 45 minutes. En 2003, embarrassé par la mort du scientifique David Kelly, spécialiste des armes chimiques, ancien inspecteur pour l’ONU en Irak, qui avait accusé, par journaliste interposé, le gouvernement d’avoir exagéré la menace irakienne, Tony Blair en avait appelé au « jugement de l’Histoire » et il avait reconnu qu’il n’y avait pas d’accusation plus grave contre lui que celle d’avoir lancé le royaume dans la guerre avec des arguments fallacieux.

Les États-Unis, comme la Russie, Israël et la Chine, ont toujours refusé de ratifier le Statut de Rome depuis 1998. La principale raison est la crainte de voir la Cour Pénale Internationale (CPI) être utilisée contre eux à des fins politiques. Si la création d’une Cour pénale internationale constituait, lors de son adoption, un progrès majeur vers une meilleure mise en œuvre du droit international humanitaire et un pas en avant manifeste dans la lutte contre l’impunité, force est de constater qu’il n’en va pas ainsi pour États les plus puissants du monde.

Julian Assange s’est attribué la mission de révéler les scandales cachés de la planète sur un site emblématique, Wikileaks. Cet Australien de 39 ans montre une facilité déconcertante pour accéder à des documents classifiés secret défense, surtout des documents compromettant la sécurité des États-Unis d’Amérique. Douze semaines après avoir mis en ligne 77.000 documents secrets sur la guerre en Afghanistan, Wikileaks vient de récidiver en publiant, cette fois, près de 400 000 documents secrets de l’armée américaine sur la guerre en Irak, rédigés, de janvier 2004 à fin 2009, pour la plupart par des soldats sur le terrain. Une première publication de documents secret défense avait déclenché aux États-Unis la colère du Pentagone qui avait accusé Wikileaks d’irresponsabilité et de mettre en danger militaires et civils. En avril dernier, Wikileaks avait rendu public une vidéo qui montrait le raid d’un hélicoptère de l’armée américaine provoquant, il y a trois ans, la mort de deux employés de l’agence Reuters et de plusieurs autres personnes.

Les médias ont mis l’accent sur un élément sensationnel de ces documents : au moins 109.000 personnes, dont 63% de civils, ont été tuées en Irak depuis l’invasion de mars 2003 jusqu’à fin 2009. Sur les 66.000 morts civils, 15.000 cas n’avaient jamais été révélés. Encore une fois, le Pentagone est sur ses gardes. Après avoir refusé de confirmer l’authenticité des documents diffusés par Wikileaks, il vient d’embaucher plus de 100 analystes américains pour passer en revue les documents secrets déjà publiés.

Comme l’indique le site d’actualité et de géopolitique, Les Yeux du Monde, « à la lecture des rapports publiés par Wikileaks, on comprend à quel point l’instauration d’une démocratie dans l’Irak post- Saddam Hussein était difficile, voire impossible. A la dictature du rais ont succédé des mois de chaos, de meurtres, d’assassinats, d’attentats dans tous les coins du pays. Le plus grave, peut-être, pour les Etats-Unis, c’est la révélation d’actes de torture (voire pire), sur des détenus irakiens. L’affaire d’Abou Ghraib avait ébranlé l’administration Bush il y a quelques années. Les rapports de Wikileaks ne font que confirmer ce que l’on savait déjà, mais sur une ampleur bien plus importante. La plupart de ces tortures sont passées sous silence, la plupart des rapports se concluant par un simple « no further investigation required ».

Le vice-Premier ministre britannique, Nick Clegg, connu pour son opposition à l’engagement de Londres dans la guerre en Irak, a réagi à ces faits à la BBC : « Nous pouvons déplorer la manière dont ces fuites ont eu lieu mais je pense que la nature des allégations faites est extraordinairement sérieuse ». Selon Le Temps, de Suisse, « mis bout à bout, ces documents offrent une vision quasi apocalyptique de l’invasion américaine de l’Irak et de ses conséquences. Pendant les mois les plus meurtriers, quelque 3.000 civils irakiens mouraient dans ce conflit, dont les rapports «routiniers» détaillent la sauvagerie. Selon l’organisation indépendante The Iraq Body Count, dont le travail avait permis d’établir une première estimation du nombre de victimes de la guerre, les révélations de WikiLeaks obligent à accroître leur bilan de 15.000 morts de civils supplémentaires. Selon cette association, si l’on tient notamment en compte l’offensive contre Falluja dont les conséquences humaines ne sont pas encore clairement établies, la guerre d’Irak aurait ainsi provoqué la mort d’au moins 150.000 personnes, dont 80% de civils ».

Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak, a appelé le président américain Barack Obama à lancer une enquête sur les cas de torture révélés par les documents, une demande également formulée par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. Pour l’organisation Amnesty International, citée par l’Express, la divulgation de ces documents conduit à se demander si les autorités américaines ont respecté les conventions internationales sur la guerre en transférant la garde de détenus aux forces irakiennes, connues pour commettre des sévices d’une ampleur véritablement choquante.

Je laisse à Georges Malbrunot le soin de conclure : « Les fuites de WikiLeaks ne font que confirmer ce que nombre de journalistes avaient constaté en couvrant l’après-guerre américaine en Irak : c’est-à-dire l’absence de transparence dans tout ce qui a trait au bilan des victimes du conflit, et à l’ampleur de la torture pratiquée par les soldats américains et leurs alliés irakiens dans les prisons notamment ».

Combien de mensonges restent encore inconnus des populations?

 





Nouvelle impasse dans les négociations de paix

22 10 2010

La circulation de l’argent dans le monde est souvent considérée comme le nerf de la guerre. D’une part, d’après des chiffres du Trésor américain publiés en février 2010, la Chine en tant que plus grand détenteur étranger de bons du Trésor américain en possèderait pour l’équivalent de 755,4 milliards de dollars. D’autre part, le Centre de recherche du Congrès américain (CRS), dans un rapport publié en septembre, constate qu’Israël est le plus gros bénéficiaire de l’aide internationale américaine en données cumulées depuis la seconde guerre mondiale. Israël a reçu annuellement des États-Unis des subventions de près de 3 milliards de dollars. Au 1er octobre dernier, le total des garanties de prêts accordées par Washington à Tel-Aviv s’élevait à 3,481 milliards de dollars, ce qui permet à Israël d’emprunter sur les marchés à taux préférentiels en bénéficiant de la garantie de remboursement de l’État américain. Garanties dont l’État juif ne s’est pas servi depuis 2004.

Hillary Clinton, la secrétaire d’État américaine, se fait rassurante en déclarant que les efforts pour réanimer les négociations de paix sont sur la bonne voie. Ce qui a été démenti par l’Autorité nationale palestinienne pour qui aucun effort de la part des Américains n’a été consenti pour relancer les négociations de paix directes avec Israël. Il est important de rappeler que ces négociations sont bloquées depuis la fin du moratoire gouvernemental sur la colonisation en Cisjordanie, le 26 septembre dernier. Depuis, le rythme des mises en chantier dans les colonies est quatre fois supérieur à la moyenne habituelle – 600 à 700 logements ont été mis en chantier en moins d’un mois – et ces dernières s’effectuent dans des zones censées, selon quasiment tous les scénarios de paix, faire partie d’un futur État palestinien. Un projet de construction de 3.700 appartements attendrait le feu vert du ministre de la Défense, Ehoud Barak.

Selon l’AFP, plus de 300.000 Israéliens résident dans les colonies de Cisjordanie, tandis que 200.000 Israéliens se sont installés dans une douzaine de quartiers de colonisation érigés à Jérusalem-Est, parmi quelque 270.000 Palestiniens.

Mercredi, Hillary Clinton a rappelé aux pays arabes qu’ils doivent soutenir plus fermement l’Autorité palestinienne, en particulier sur le plan financier. Elle s’exprimait devant l’American Task Force on Palestine, un groupe pro-palestinien demandant l’établissement de deux États au Proche-Orient. Du même souffle, Hillary Clinton a reconnu le droit des israéliens à revendiquer le caractère juif de l’État d’Israël. La secrétaire d’État américaine déclarait de Bruxelles lors d’une entrevue à ABC : « les dirigeants israélien et palestinien subissaient tous des pressions internes et externes qui pesaient sur eux, ce qui a rendu les négociations extrêmement difficiles et sensibles. C’est une situation incroyablement complexe et émotionnellement chargée. Et je reconnais cela, parce que c’est évident, pour Israël, la sécurité est primordiale, ils ont une expérience : ils ont quitté le Liban et ont actuellement le Hezbollah et les roquettes sur leur frontière, ils ont quitté Gaza et ils ont maintenant le Hamas et des roquettes sur leur frontière ».

La Chine est profondément préoccupée par l’impasse actuelle des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens et souhaite qu’Israël adopte une attitude responsable afin de créer les conditions favorables à la poursuite des pourparlers de paix, a souligné Ma Zhaoxu lors d’un point de presse au siège du ministère chinois des Affaires étrangères. Lors d’un débat ouvert sur la situation au Moyen-Orient, organisé cette semaine, également, par le Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant chinois Li Baodong a indiqué que l’impasse actuelle dans les négociations israélo-palestiniennes, due à la poursuite de la colonisation israélienne préoccupe profondément la Chine. L’ambassdeur Li souhaite qu’ Israël puisse prolonger le gel de la colonisation et créer les conditions nécessaires pour avancer les négociations directes. Selon Li, la situation humanitaire dans les régions occupées par Israël, surtout dans la bande de Gaza, reste encore préocupante. Cela devrait être mis à terme, a-t-il estimé. Li a affirmé que la Chine soutient fermement les Palestiniens qui luttent pour leurs droits nationaux de manière légale.

Une large majorité d’Israéliens (78 %) est favorable à la poursuite des négociations de paix, un avis minoritaire (30 %) parmi les Palestiniens, mais les deux opinions partagent un diagnostic très pessimiste sur leurs chances de succès, selon un sondage diffusé cette semaine. Seuls 6 % des Palestiniens et 5 % des Israéliens interrogés considèrent comme élevées ou très élevées les chances que les actuels pourparlers aboutissent à un accord.





Le Canada est-il inféodé à l’Islam ?

19 10 2010

Le plus haut tribunal de la province de l’Ontario, au Canada, vient de rendre une décision lourde de conséquences : la Cour d’appel de l’Ontario a déclaré que les femmes qui portent le voile intégral peuvent le conserver lorsqu’elles passent en cour. L’affaire est troublante. Une femme accuse deux membres de sa famille de l’avoir agressée sexuellement lorsqu’elle était enfant. Cette femme allègue que son oncle et un cousin l’ont agressée sexuellement. L’audition de la cause a dû être retardée parce que madame veut témoigner avec son niqab lors du procès.

Le magistrat qui entend la cause a refusé la requête de madame qui invoquait, pour des questions de religion, ce droit de ne pas se dévoiler devant la cour. Les avocats de madame ont donc fait appel de cette décision auprès d’un tribunal de première instance. Selon l’avocat de la plaignante, David Butt, le fait de ne voir que les yeux d’un témoin dans une cour de justice n’empêche pas de sonder l’âme de la personne interrogée. Les défendeurs ont riposté que le droit des accusés à une défense pleine et entière requiert de voir tout le visage du témoin. Entre ces deux positions, le Congrès musulman canadien ne veut sous aucune considération que madame témoigne le visage entièrement voilé. Pour le congrès musulman canadien, le fait de permettre à la femme de garder son voile tourne le système judiciaire en ridicule et viole la valeur fondamentale qu’est l’égalité des sexes.

Un tribunal de première instance statue que madame devra retirer son voile pour témoigner, donnant ainsi raison au magistrat. Un tribunal supérieur rejette la décision de première instance et permet que madame témoigne avec son niqab si elle parvient, notamment, à convaincre un juge de la sincérité de ses sentiments religieux. C’est l’impasse. Il est important de noter que madame avait déjà montré son visage à des policiers, à des agents douaniers et à des fonctionnaires pour l’obtention de son permis de conduire. La Justice ontarienne est face à deux droits fondamentaux qui s’affrontent: le droit de la plaignante à la liberté de religion et le droit de l’accusé de faire face à celle qui l’accuse.

Par décision unanime, les trois juges de la Cour suprême de l’Ontario ont rendu une décision toute en nuance : à certaines conditions, la Cour autorise une femme à garder son niqab pendant qu’elle témoigne, à moins que cela n’empêche la tenue d’un procès juste et équitable. En clair, la Cour a refusé de trancher. Selon le jugement de la Cour suprême de l’Ontario, il appartiendra au juge qui entend la cause d’ordonner le retrait du voile s’il estime que le droit de l’accusé à un procès juste et équitable n’est possible que lorsque la victime témoigne à visage découvert. « Si un témoin est capable d’établir que le port du niqab fait partie de sa liberté de religion, il en revient à la défense de faire la preuve que ce droit constitutionnel compromet son droit constitutionnel d’avoir une défense pleine et entière », ont expliqué les honorables juges. Les droits constitutionnels d’une femme d’afficher ses croyances religieuses en cour, et le droit de l’accusé de confronter son accusateur, devront être déterminés au cas par cas.

En conséquence, la Cour a, par sa décision, annulé l’ordonnance qui contraignait madame à témoigner à visage découvert parce que le juge de première instance n’a pas pris soin de bien évaluer l’impact de l’ordonnance sur les droits de la plaignante. Toutefois, une femme pourrait devoir témoigner sans niqab, si le fait de voir son visage est un élément important pour la recherche de la vérité. Cette décision fait débat, il va sans dire. Les voiles intégraux sont interdits en Égypte, dans les officines gouvernementales ainsi qu’en Syrie, dans les universités. Mais en Ontario, ils sont permis devant les tribunaux.

Un lecteur de Cyberpresse pose la question suivante : « Une femme catholique pourrait-elle se présenter devant un tribunal islamique sans se couvrir » ? Un autre lecteur, singulièrement en furie, réagit en ces termes : « Le multiculturalisme et le jugement de la Cour d’appel sont fondés sur un mépris total, voire totalitaire, de la majorité. C’est la valorisation politiquement correcte du droit des minorités et de tous les « persécutés », réels ou imaginaires. Puisqu’il est question des «persécutés», réels ou putatifs, il est clair que beaucoup de musulmans et de curés de la « correctitude » politique voient partout de l’islmamophobie, c’est-à-dire de la haine ou de la méfiance extrême, exercée à l’endroit des musulmans.  Eh bien, je pense, quant à moi, que les vertuistes soi-disant ouverts et antiracistes et les juges de la Cour d’appel sont ceux qui, entre autres, alimentent et favorisent l’islamophobie! »

Yves Boisvert, journaliste de Cyberpresse, spécialisé dans les questions de justice, définit très bien le malaise qui prévaut sur les questions d’accommodements raisonnables tant au Canada qu’au Québec : « Jugement nuancé, insiste-t-on. Sans doute l’est-il. Il est aussi, surtout, l’expression de la mentalité juridique canadienne contemporaine. Écartelée entre tous ses bons sentiments, elle n’ose plus choisir. Elle ne sait plus où donner de l’ouverture d’esprit. Les femmes, les minorités, les accusés… Ça donne le vertige constitutionnel. […] la Cour nous dit que le fait de permettre le témoignage avec le niqab est une reconnaissance du témoin « en tant que personne » et de sa situation vulnérable. C’est un paternalisme judiciaire qui n’est justifié que pour des raisons de rectitude politique. Notre droit a évolué pour protéger les victimes d’agression sexuelle de plusieurs manières. Mais le voile ne devrait jamais être une option ».