L’école ou le terreau de la violence

19 02 2009
Photo - Sûreté du Québec

Photo - Sûreté du Québec

Le milieu scolaire du Québec est en émoi. David Fortin a 14 ans. Il n’est pas comme les autres élèves de sa classe. Il est solitaire. Il s’est fait une carapace. Depuis sa première année au scolaire, il est la risée des autres, de tous les autres. Selon sa mère, en entrevue avec Marc Saint-Hilaire, du Quotidien du Saguenay : « David s’est fait une carapace solide, impénétrable. Il ne pleure plus, ne montre plus ses sentiments. Les personnes ressources lui ont toujours dit d’ignorer ce qu’on lui faisait endurer, et que tout cela cesserait ». Malgré une corpulence imposante il mesure 1,73 mètre et pèse 75 kilos , il s’est toujours opposé à répliquer par la violence. Sa mère est impuissante face au système. « Au fil des années, le jeune homme a plusieurs fois appelé au secours; ses parents ont également multiplié les démarches auprès des autorités scolaires. Malheureusement, leurs efforts sont demeurés vains ». David est disparu depuis le 10 février dernier. Sans laisser de message. Sans laisser de trace. C’est le mystère complet. Une mobilisation s’organise. Il faut que cela cesse. Pour combien de temps ?

Il y a ce mot de François Mitterrand qui définit bien l’objet de cet article : « Laissez la tyrannie régner sur un mètre carré, elle gagnera bientôt la surface de la terre ».

Le harcèlement ou la violence n’a pas de frontière. Dans les plus grandes métropoles du monde ou dans les plus petits bleds, nul n’est à l’abri du harcèlement et de la violence. L’Observatoire national de la délinquance (OND) a publié, en 2008, une vaste enquête sur le harcèlement et la violence. Près de la moitié des violences physiques sont commises au sein des familles. En moyenne, neuf victimes de violences sexuelles sur 10 ne portent pas plainte. Cela montre l’ampleur du tabou, qui est encore plus fort quand on la violence sexuelle se passe dans la famille. De plus, une victime sur cinq est un homme. Cela brise un cliché.

Plus près de nous, la question se pose à nouveau : la violence à l’école est-elle un mal de vivre ?

Le Conseil canadien de la sécurité définit ainsi l’intimidation à l’école : « L’intimidation est une forme de relations sociales dans laquelle un individu en agresse un autre de façon répétée. Son agression peut être physique, verbale ou psychologique. Les agresseurs se répartissent également entre garçons et filles. Les premiers sont plus susceptibles de recourir à l’agression physique – bousculades et coups de pied par exemple – tandis que les secondes exercent plutôt des persécutions verbales. L’extorsion, l’intimidation et la destruction des biens personnels de la victime relèvent toutes de ce schème de comportement ».

Les formes de violence, en milieu scolaire, par exemple, sont multiples. « Une étude québécoise parue en 2003 révèle que 80 % des événements étudiés étaient de nature psychologique, 15% de nature physique et 6% à caractère sexuel. Un élève était l’agresseur dans 89% des situations de violence physique. Un collègue était l’agresseur dans 25% des cas de violence psychologique ».

En Angleterre, l’expression qui est retenue pour définir l’intimidation est Bullying. Le titre de bullie est attribué au jeune agresseur(e).

Les méchancetés lancées sur l’internet sont plus virulentes que celles lancées dans la cour d’école. « L’écran de l’ordinateur, cela enlève la retenue qu’une personne a naturellement dans le vrai monde. Quand tu es face à face avec quelqu’un et que tu es méchant, tu as un minimum d’empathie car tu vois la réaction. Pas sur l’internet », explique l’Américain John Halligan qui, depuis le suicide de son fils, multiplie les conférences pour exiger que les États américains adoptent des lois qui préviennent la cyberintimidation dans les écoles.

En Suède, devant le nombre élevé de suicides de jeunes, victimes d’intimidation, le gouvernement mandate le professeur Dan Olweus, professeur de psychologie à l’université de Bergen (Norvège), dans les années 1960, pour mener une recherche sur la question. C’est à partir de la fin des années 1970 qu’il forge le concept de school bullying. Le school bullying possède trois caractéristiques : « une conduite agressive d’un élève envers un autre avec intention de nuire, qui se répète régulièrement et engendre une relation dominé/dominant. Il ne s’agit donc pas de disputes ou de bagarres ordinaires et quasi quotidiennes dans les cours de récréation. Les études montrent cependant que ces formes de harcèlement touchent majoritairement les élèves entre 8 et 11 ans. Chez les adolescents, le bullying prend souvent des formes verbales, en lien avec le développement de leurs facultés d’expression ».

Selon Nicole Catheline, qui a publié en septembre 2008 un essai sur les Harcèlements à l’école, le phénomène du School bullying, bien connu dans les pays anglo-saxons, est très peu étudié en France. Pourtant, il touche « 15 % des élèves, vivant tous les jours des brimades à l’école sous l’œil inquiet de leurs parents, partagés entre sentiment de culpabilité et sensation d’impuissance ».

Les statistiques sont particulièrement inquiétantes et accablantes. Aux États-Unis, par exemple, on dénombre :

– Un cas de bullying chaque sept minutes.
– Les adultes interviennent dans 4% des cas.
– Les autres enfants interviennent dans 11% des cas.
– 85% des gais ou qui sont considérés comme tel sont victimes d’insultes au secondaire.
– Les 2/3 d’entre eux ont été victimes de harcèlement sexuel.
– 21% ont subi la violence physique.
– Dans 82% des cas, aucun membre du personnel n’est intervenu lors de propos homophobes.

En Angleterre, la situation n’est guère mieux :

– Une école primaire sur quatre est le lieu de violence à chaque trimestre.
– Une école secondaire sur dix est le lieu de violence à chaque trimestre.
– Un élève sur dix à l’école primaire et un élève sur 25 au secondaire sont brutalisés plusieurs fois par semaine.
– La taille de l’école et la diversité ethnique n’ont pas de lien avec le degré de violence.
– Les autorités estiment que 18 à 20 jeunes se suicident chaque année à la suite d’actes d’intimidation.


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12 responses

19 02 2009
gaetanpelletier

Pierre,

Bonne idée que ce billet.

Étant enseignant, ça me touche. Dans notre école nous avions une façon de faire qui écartait ce genre de problème : le tutorat ou le suivi. Chaque enseignant avait une dizaine d’élèves qu’il rencontrait chaque semaine. Et il en était d’une certaine manière responsable. Les problèmes des élèves étant discutés au cours de ces rencontres. Problèmes familiaux, problèmes de consommation, etc. Mais je me souviens que mon fils avait été victime de harcèlement au secondaire. L’erreur de l’organisation scolaire est hélas de laisser faire…

Il devrait y avoir des mécanismes de rencontres et de mesures sévères. Certaines écoles en ont, d’autres pas.

Je viens de regarder le journal télévisé. Quatre écoles s’apprêtent à prendre des mesures pour enrayer ce problème.

Vous savez comme moi que lorsqu’un cas extrême surgit c’est qu’il en cache une dizaine de plus en sourdine.
Dans le cas cité ici, c’est plus que malheureux, les appels au secours ayant été nombreux. Sans réponses, on dirait.

La grande question est :« Comment se fait-il que dans nos sociétés ont a été très sensibles au niveau du travail au harcèlement de toutes sortes mais que dans les écoles, c’était – et c’est encore- une sorte de va de soi? »

C’est une grave erreur.

En espérant que ce jeune garçon sera retrouvé en santé…

On parle également de harcèlement comme cause d’absentéisme : l’élève refuse d’aller à l’école à cause du climat. Malheureux! Choquant! Désespérant!

Pour un monde qui se dit «d’éduquer».

19 02 2009
Gilles

Gide a remarqué qu’on ne fait pas de la bonne littérature avec des bons sentiments. Je pense qu’on ne fait pas des êtres doux et équilibrés avec du suivi psychologique ; tous les humains sont parfois doux et équilibrés, parfois violents.

Remontons un peu dans le développement de l’être humain. Les adolescents sont soumis à de fortes pressions hormonales qui les préparent à se reproduire, et en même temps à lutter pour conquérir un partenaire sexuel ; les jeunes hommes et les jeunes femmes chacun selon les caractéristiques de son sexe. Bien sûr, la « civilisation » industrielle nie ce fait naturel, et regroupe artificiellement les jeunes dans des écoles. Du fait du grand nombre, des centaines, de jeunes rassemblés, les conflits ne peuvent être qu’exacerbés, et offre un terrain propice à la manifestation des instinct de domination des plus agressifs et conséquemment, à la réponse des plus faibles, la soumission.

À une époque presque lointaine, dans mon adolescence, nous vivions les mêmes modifications hormonales exactement, mais nous avions autour de nous diverses sortes de balises ; à l’école : des maîtres que nous pouvions admirer parce qu’ils étaient admirables, savants, souvent originaux et disposant d’une vraie autorité sur nous, une charge de travail bien plus grande que celle qu’on impose aux jeunes aujourd’hui mais variée et qui incluait le sport ; dans la famille : un père et une mère dont les rôles étaient clairs dans notre esprit parce qu’ils n’avaient pas encore, à cette époque, confié les difficultés de la vie et de l’éducation à des spécialistes, qui d’ailleurs seront toujours en nombre insuffisant.

L’école, aussi, ne prétendait pas tout à la fois intéresser, amuser, former, et distraire les jeunes ; elle s’en tenait à son rôle immémorial d’enseigner des connaissances. Les autorités scolaires savaient sans doute que l’école est un passage difficile (il n’y a pas de méthode facile pour apprendre les mathématiques, la grammaire, le latin, la géographie) mais ils ne cherchaient pas à nous amuser. On dit que l’école, de nos jours, est en compétition avec les autres intérêts des jeunes : Internet, les jeux vidéo, le sexe, la rêverie, ce que vous voulez. Mais à mon époque aussi, comme à toutes, je pense, nous avions des intérêts autres que scolaires, et des désirs d’évasion ! Nous les comblions à l’extérieur de l’école.

Pour revenir à ma « thèse », si je puis dire, je résume en disant que les jeunes, surtout en groupe, sont comme une troupe de loups. Ce sont des animaux redoutables, bien que pas autant que les humains, et pourtant un ordre équilibré règne parmi eux. Toutes choses n’étant pas comparables, bien sûr, je me demande si le fait de nier hypocritement nos instincts et nos besoins n’explique pas la « violence » des jeunes, conjugué à l’impuissance bien-pensante des autorités scolaires.
 

19 02 2009
gaetanpelletier

Gilles,

Il semble que nous sommes allés à la même école. Et il y en avait de la violence. Quand on allait à la récréation, on ne revenait pas toujours en un seul morceau en classe. Ça jouait dur. C’était peut être la façon justement de libérer ces hormones…

Les balises étaient là. C’est un fait.

L’école où j’ai enseigné – et j’y vais encore de temps en temps – va dans le sens de la flatterie. Ce que Pierre JC Allard nomme «les chérubins». Chérubins qui dans lesquels sommeille un loup.

On «vend» les écoles comme on vend n’importe quoi. Elles luttent entre elles. Si je suis bien votre «thèse», on ne fait qu’étouffer… le temps qu’on peut.

Les «modèles» que nous avions étaient restreints.

Aujourd’hui, le choix est comme celui d’un grand supermarché mondialisé. Et les modèles ne sont pas tous «propres».

Pour faire une histoire courte, ou une question courte, l’école tient-elle trop de rôles?

Et tous les intervenants sont-ils dépassés? Il n’y en a jamais assez…

La «réforme» devrait-elle être autre chose que le modèle proposé? Et une véritable remise en question? Dans les classes, les élèves sont encore souvent assis six heures par jour. Dans les réunions de profs, ceux-ci n’arrivent pas à rester assis aussi longtemps et parlent tout le temps.

Quand on parle de décrochage scolaire, c’est toujours l’élève qui a tort.

L’école se pose-t-elle des questions sur sa propre «structure». On dirait que non.

Des administrateurs mènent tout.

Comme dirait M. Chrétien: «Que voulez-vous!».

19 02 2009
Catherine

Pierre,

I’m afraid society is destitute. Youth is the life and the future, but is there any?

Continuez vos ecritures!

19 02 2009
Pierre Chantelois

Gaëtan
Gilles

Très bel échange. Une adolescence qui a perdu ses repères s’égare ou dans la tristesse et la mélancolie ou dans la violence et la domination. Il convient de ne pas oublier que tout le cadre scolaire a changé. L’autorité a changé. La relation de l’élève avec son professeur a changé. Les valeurs morales ont fait place aux valeurs éthiques. L’élève aujourd’hui évolue dans un monde en bouleversement. Bouleversement scolaire. Bouleversement des structures. Bouleversement dans les relations humaines.

L’absence d’autorité est un terreau fertile pour l’exaspération des relations humaines.

Un cas qui a permis d’apporter un peu de lumière sur le drame que vivent ces enfants soumis au school bullying est celui du pianiste Alain Lefèvre, rappelle le journaliste Alain Gravel. Alain Lefèvre raconte comment il a souffert des moqueries de ses camarades de classe parce qu’il était petit, sentait l’ail et avait un accent français. Qu’entre l’âge de 6 et 14 ans, il lui arrivait de ne pas dormir la nuit parce qu’il avait peur d’être battu le lendemain! Dans ce reportage, on entendait aussi une belle jeune fille dire qu’elle avait déjà souhaité mourir, tellement elle avait souffert des railleries des autres. Selon une étude réalisée par la Children’s Commission de la Colombie-Britannique, un tiers des adolescents qui se suicident dans cette province avaient été victimes d’intimidation.

Je n’ai jamais enseigné. Ce n’était pas ma tasse de thé. Mais aujourd’hui, en dehors de la vie trépidante, je me sens plus ouvert et sensible à cette question de l’intimidation. Ce problème est universel. Je viens de lire qu’en Belgique, un enfant sur trois dit avoir déjà été victime de « cyber-harcèlement ». Un sur dix avance même que cela lui arrive régulièrement.

Mon seul pouvoir est de sensibiliser. Que puis-je d’autre ?

Catherine

Merci pour ce bon mot. Ces dernières semaines, le moral était plutôt absent. Il faut une discipline d’enfer pour pondre un texte par jour. Tant que j’en aurai les forces et la volonté, tout ira.

Pierre R.

19 02 2009
Gilles

Pierre,

Il est difficile — et toujours imprudent — de généraliser à partir d’un petit nombre de cas que l’on peut observer autour de soi, mais je fais l’hypothèse que les enfants, s’ils sont laissés sans encadrement ni balises, régressent au niveau du bourreau ou de la victime, car ce sont les moyens d’expression naturels, si on n’a rien d’autre pour s’exprimer. J’écris « régressent » mais je devrais écrire « en restent là », puisqu’ils sont imperméables à l’apprentissage de la culture et de l’empathie envers l’autre, si les conditions dans lesquelles ils vivent restent frustes. Et ce n’est pas une question de classe sociale ou d’aisance matérielle ou du degré d’instruction des parents. Les petits bullies se trouvent aussi dans les collèges chics.

Parenthèse — Je pense à la remarque de Bernard Landry qu’on lui a tellement reprochée, à savoir que « même les mamans oiseaux savent éduquer leurs petits » — ce sont les conditions de travail à la fin du XXᵉ et au début du XXIᵉ siècle (du moins en Amérique du Nord et en Europe, je ne sais pas pour l’Asie et l’Afrique et l’Amérique du Sud et l’Océanie) qui forcent pour ainsi dire les parents à consacrer toutes leurs énergies à « gagner la croûte » pour les pauvres, et à « gagner toujours plus » pour les plus aisés. Mais c’est par faiblesse devant les tentations matérielles ; je veux dire que le travail qui permet d’acheter des choses et bien paraître est devenu la seule valeur.

Les enfants sont le reflets de cette attitude. Il est révélateur que le « taxage » concerne les vêtements griffés, les iPod, l’argent, etc. et jamais… disons, les livres. Alors… Est-ce qu’il ne reste aux enfants et à leurs parents que l’avidité et la violence pour s’exprimer ? Sûrement non, mais un trop grand pourcentage de la population ne vit plus qu’ainsi, peut-être à l’exemple des personnalité dont on parle à la télévision.

Je n’ai jamais été intimidé, à l’école. Et je me demande s’il n’y a pas un certain « effet médiatique » dans tout cela… le sujet est à la mode, et tellement vendeur ! Tu écris que le bullying touche 15% des élèves… Est-il inconvenant d’écrire que 85% y échappent ? Encore une fois, les parents ne doivent-ils pas apprendre à leurs enfants à se défendre, en plus de leur acheter des gadgets ?
 

19 02 2009
Gilles

Gaétan Pelletier a écrit :
Gilles. Il semble que nous sommes allés à la même école.

En effet, nos maîtres, ni nos parents, ne nous considéraient comme des « chérubins », ils avaient trop de bon sens pour cela ! Je pensais, en relisant ce que Pierre et toi avez écrit et en me relisant, que nous sommes responsables. Qui a éduqué nos petits-enfants, sinon nos enfants, et qui a éduqué nos enfants, sinon nous ? Je veux dire collectivement, of course, et pas nécessairement chacun de nous en particulier. Mais nous avons cédé aux sirènes de la « libération sexuelle », puis à celles du « sociologisme » (les criminels ne sont pas responsables de leurs actes, c’est la Société) et maintenant à celles du « politically correct ».

Je préconise la taloche ou la gifle, ainsi que je vois faire la maman chat chaque jour avec ses petits. On ne raisonne pas avec un enfant, pour son propre bien ! Ah… Qu’est-ce que je viens d’écrire ! Ce que je pense, tout simplement.
 

19 02 2009
Pierre Chantelois

Tu écris que le bullying touche 15% des élèves… Est-il inconvenant d’écrire que 85% y échappent ?

Gilles

Pas du tout mais en aucun cas je ne voudrais laisser supposer que c’est un seuil acceptable, surtout lorsqu’une telle statistique englobe des suicides d’enfants. C’est toute la différence. 15 % c’est peu ? Et si on élevait la barre ? 20 % ? À partir de quel barème cela devient-il, dès lors, alarmant pour une société ? Au nombre de suicides qui croit sans cesse ? Je me suis posé ces questions. Je n’en ai pas les réponses.

Revenir aux mesures disciplinaires de nos pères et mères en fait rêver plus d’un. L’éducation comme les principes qui en découlent ont évolué. Pour le meilleur et pour le pire. Qu’un simple prof se hasarde à saisir le bras d’un élève récalcitrant peut lui risquer beaucoup. Nous le savons, vous et moi. Et il y a le principe des vases communicants : des parents sont intolérants envers des professeurs qui appliquent en matière de discipline la manière forte, et à la maison, il y a tolérance sur tout manquement, véniel ou pluriel, à la discipline parentale.

Mais en réalité, Gilles, qu’est-ce que la discipline parentale ?

Pierre R.

20 02 2009
gaetanpelletier

Pierre.

«Revenir aux mesures disciplinaires de nos pères et mères en fait rêver plus d’un. L’éducation comme les principes qui en découlent ont évolué. Pour le meilleur et pour le pire. Qu’un simple prof se hasarde à saisir le bras d’un élève récalcitrant peut lui risquer beaucoup. Nous le savons, vous et moi. Et il y a le principe des vases communicants : des parents sont intolérants envers des professeurs qui appliquent en matière de discipline la manière forte, et à la maison, il y a tolérance sur tout manquement, véniel ou pluriel, à la discipline parentale
___________

Excellent!

Dans la région de Québec (ville), il y a eu l’an dernier plusieurs cas d’enseignants poursuivis par des élèves. Avec le «ralenti» de l’appareil judiciaire, ça dure longtemps… Et même innocentés, ces profs en sortent avec des séquelles.

Quant à la discipline, on ne fait pas ce qu’on veut. «Renvoyer» un élève, même pour une courte période, exige un acte grave. Les parents invoquent un règlement du Ministère qui dit simplement qu’un élève à 16 ans a le droit de fréquenter l’école. Sorte de loi générale, mais qui sert bien des avocats et des parents.

Je viens de lire dans un journal un rapport indiquant que l’absentéisme chez les enseignants n’a jamais été aussi élevé depuis 1999.

Je n’ai qu’à regarder mes consœurs et collègues qui travaillent encore. À tous les mois il y en a un ou une qui quitte. Surmenage!

Les enseignants n’ont plus de réels pouvoir dans les classes.

Gilles,

«… ce sont les conditions de travail à la fin du XXᵉ et au début du XXIᵉ siècle (du moins en Amérique du Nord et en Europe, je ne sais pas pour l’Asie et l’Afrique et l’Amérique du Sud et l’Océanie) qui forcent pour ainsi dire les parents à consacrer toutes leurs énergies à « gagner la croûte » pour les pauvres, et à « gagner toujours plus » pour les plus aisés. Mais c’est par faiblesse devant les tentations matérielles ; je veux dire que le travail qui permet d’acheter des choses et bien paraître est devenu la seule valeur »,

Beau passage! J’ai essayé souvent de rejoindre des parents pour leur parler de leur enfant. Absents. Souvent séparés…

Un cas, entre autres … La mère était en Floride, le père à Montréal ( ce qui est loin d’ici).

D’autres cas : les parents n’ont pas le temps de suivre leur enfant. Très fréquent.

Pour ce qui est des «valeurs» que l’école voudrait cultiver, l’école ne représente plus un modèle. Les jeunes le savent… Certains sont obnubilés par un monde «irréel» aux valeurs à saveur Hollywoodienne ou autres «grandes réussites sociales»…

La baguette magique.

On pourrait également parler longtemps sur ce qu’on nomme le «tissu social»…

21 02 2009
Antoine

Bonjour Pierre,

Cet article me fait penser à un film documentaire sorti en France il y a quelques années, mais dont je ne me souviens pas le titre. Il montrait un monde effrayant, d’une violence inouïe… Mais il ne fallait pas aller bien loin, cela ce passait dans les cours de récréation des écoles maternelles française. On voit les adultes au loin, plongés dans leurs discussions et n’intervenant jamais sauf en cas d’attroupement d’autres gamins autour de l’agresseur (s) et la victime.

23 02 2009
Pièce détachée

Bonsoir Pierre !

Je lis assidument vos billets, tout en trouvant rarement une raison pertinente de les enrichir par un commentaire.

Bonsoir Antoine ! Comme vous, j’ai pensé en lisant ce billet au documentaire tourné dans la cour de récré d’une école maternelle française.

Il s’agit de Récréations, de Claire Simon (1993).

25 02 2009
Pierre Chantelois

Pièce

Merci pour cette précieuse information.

Pierre R.

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