« En Chine, je vais me battre pour une seule chose : ma médaille d’or » Kathy Tremblay

25 03 2008

En novembre 2007, monsieur Nicolas Sarkozy se rendait en Chine pour une mission de trois jours. Après un voyage marqué par des contrats record pour le nucléaire français et l’industrie aéronautique européenne, Monsieur Sarkozy avait pris grand soin de ménager ses hôtes sur le plan intérieur en évitant de joindre au groupe qui l’accompagnait la Secrétaire d’État aux droits de l’homme. Au cours de la campagne électorale présidentielle, Nicolas Sarkozy avait annoncé mettre les droits de l’homme au centre de ses priorités. Il eut été difficile pour le président de la République française d’exiger de la Chine des réformes plus rapides sur les droits de l’homme au vu du rythme de ses propres réformes en France.

Le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Henri Sérandour, évoque, en janvier dernier, la possibilité que, lors du passage de la flamme olympique à Paris, le président Nicolas Sarkozy soit l’un des porte-flambeau, puisque celui-ci est un amateur notoire de course à pied. Il faudrait cependant qu’il en émette le désir au préalable et que l’on puisse résoudre de manière satisfaisante les gros problèmes de sécurité que cela poserait.

Le 12 févier 2008, Mme QIAN Wei, épouse de l’ambassadeur de Chine en France, recevait de M. Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français, au nom du président de la République, le titre de Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres pour sa contribution aux échanges culturels et artistiques sino-français. Une centaine de représentants des milieux artistiques ou littéraires étaient présents à la cérémonie.

Le 18 février dernier, le président Sarkozy remettait, à l’Élysée, les insignes de « grand officier » de la Légion d’honneur à l’ambassadeur de Chine, en France, Zhao Jinjun, pour sa contribution au développement des relations entre les deux pays. Dans son discours, le président Sarkozy souhaitait développer un « partenariat stratégique et ambitieux » avec la Chine.

Quelques jours plus tard, soit le 21 février dernier, le porte-parole du Ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao, révélait que plus d’une centaine de chefs d’État, chefs de gouvernement et membres de familles royales de plus de 60 pays avaient exprimé leur intention d’assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Beijing. Et à cette même occasion, Liu Jianchao révélait, non sans une certaine pointe d’orgueil, que le président américain, Gorge W. Bush, et le président français, Nicolas Sarkozy, souhaitaient assister également à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. « La Chine les accueille chaleureusement », avait claironné le porte-parole des Affaires étrangères. C’était avant cette fâcheuse affaire du Tibet. Human Rights Watch et Reporters sans frontières demandent aux chefs d’État et de gouvernement d’envisager de ne pas assister aux Jeux. Seul le prince Charles a décliné l’invitation de Pékin.

Lundi, 24 mars, la flamme olympique doit être officiellement allumée sur le site antique d’Olympie en Grèce. Selon la mythologie grecque, le dieu du soleil Apollon a allumé la flamme olympique en vue d’apporter la lumière et la chaleur à l’humanité. Malheureusement, une partie de cette humanité sera tenue à l’écart : un millier de policiers seront présents pour tenir à distance tout manifestant de la cause tibétaine.

Pour le président du Comité international olympique, le Belge Jacques Rogge : « Que la torche olympique aille au Tibet est un symbole de paix (…). Quant au boycott que certains préconisent dans le monde, c’est une hérésie, car les seules personnes qui seront pénalisées, ce sont les athlètes. Rappelez-vous Moscou, Los Angeles, qui a payé ? »

Henri Sérandour, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), sur un boycotte possible des Jeux Olympiques, maintient une position claire : « Il faut que les Jeux aient lieu parce que certains athlètes les préparent depuis huit ans. Ça peut paraître égoïste, mais a-t-on le droit de les empêcher de s’exprimer ? » Jacques Rey, vice-président du mouvement sportif français, président de la fédération de gymnastique et chef de mission pour les JO à Pékin, est plus rigide : « Bien sûr, chaque athlète doit se poser la question et chaque citoyen aura le choix de faire le voyage. En revanche, ceux qui accepteront de s’y rendre devront aussi accepter les règles du jeu. C’est-à-dire ne faire, entre autres, aucune propagande politique comme le stipule clairement l’article 51 du code olympique. Toutes les personnes accréditées devront d’ailleurs se soumettre à cette règle ».

Dans le cadre de la première convention entre l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et le comité d’organisation des Jeux (COJOB), intervenue le 26 novembre dernier à Pékin, en présence du président français Nicolas Sarkozy et de son homologue chinois Hu Jintao, Jean-Pierre Raffarin reconnaissait ces jours derniers qu’il reste encore des avancées à obtenir dans la matière des retransmissions par les différents médias, notamment les télévisions. Beaucoup a été accompli au niveau de l’accueil et des conditions de travail des journalistes – francophones et tous les autres -, dans le respect de l’éthique professionnelle et la liberté de circuler. En dernière heure, il serait question que les autorités de Pékin, échaudées par les récentes émeutes au Tibet et leur retentissement planétaire, décident d’une interdiction de toute retransmission télévisée en direct depuis la place Tiananmen pendant les Jeux olympiques de Pékin. Une telle interdiction, actuellement à l’examen, viendrait contrarier les projets des chaînes de télévision internationales, qui ont versé des sommes considérables pour diffuser les jeux et qui prévoient intervenir en direct sur cette place à jamais liée aux événements tragiques du «Printemps de Pékin», mouvement démocratique réprimé dans le sang en 1989.

Le silence de la France inquiète. D’un côté, Jack Lang demande à son « ami » Bernard Kouchner de sortir de sa réserve sur la question du respect des droits de l’Homme au Tibet : « Lui et moi, nous avons été les ministres qui ont à plusieurs reprises accueilli le Dalaï Lama à Paris, et je dis à Bernard : que sont devenues les paroles enflammées et justes que tu prononçais en ce temps-là? » Et de l’autre, Pierre Moscovici dénonce dans un entretien au « Journal du Dimanche » le « silence assourdissant » de Nicolas Sarkozy, disant attendre de « la France, mais aussi de la communauté internationale, des paroles extrêmement fermes à l’égard de la Chine ». Il faut « d’abord lui tenir un langage qui demande l’arrêt de la violence, le respect des engagements pris en matière des droits de l’Homme, l’ouverture d’une concertation sur l’avenir du Tibet ». « Il faut l’exprimer avec force », estime Pierre Moscovici, qui ajoute que le ministre des Affaires étrangères « Bernard Kouchner l’a fait avec sa sensibilité ».

« Les Jeux olympiques n’avaient déjà pas beaucoup de sens dans cette Chine qui bafoue tous les jours les droits de l’homme… À l’ombre de la répression des moines tibétains, ils deviennent une obscénité absolument insupportable », avait lancé quelques jours auparavant Bernard-Henri Lévy. Pour Rama Yade, la Secrétaire d’État aux droits de l’homme, un boycottage ne servirait à rien d’autre qu’à « se donner bonne conscience ». Elle aurait tempéré, depuis, la teneur de son messasge. « Des choses stupides, dans ma vie, j’en ai entendu. Mais alors comme ça, champion olympique! », avait ironisé Nicolas Sarkozy devant un parterre de sportifs, lors de la dernière campagne électorale. Les Français sont plus exigeants que leur président. Une majorité de Français (53 %) souhaite que le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, boycotte la cérémonie d’ouverture des JO, le 8 août, à Pékin. Et une autre majorité (55 %) rejette l’idée d’un boycott par les sportifs (Libération). L’Elysée vient de rendre public un communiqué : « Le président Sarkozy a adressé un message au président Hu Jintao lui faisant part de sa profonde émotion à la suite des événements tragiques récents ». L’Allemagne vient de geler un programme de développement avec Pékin pour protester contre la répression à Lhassa.

Qu’en pensent les athlètes du Québec ? Guère mieux. « Ce serait dommage que les athlètes paient. Si le CIO avait mis ses culottes, on n’en serait peut-être pas là », répond le nageur Yannick Lupien. Et d’ajouter : « La Chine part de loin. Vous voulez changer les mentalités là-bas en 150 jours? Bonne chance. C’est un méchant gros contrat ». Pour Kathy Tremblay, athlète du Triathlon : « Quand le CIO a donné les Jeux à la Chine, c’était pour une question d’argent. Il n’a pas donné les Jeux à la Chine en raison des droits de l’homme ». Et sur l’idée de protester en portant un dossard noir : « Je ne veux pas faire de politique là-bas. En Chine, je vais me battre pour une seule chose : ma médaille d’or ».

Lorsque le premier ministre Stephen Harper a appelé les autorités chinoises à faire preuve de « retenue » dans leurs opérations de maintien de l’ordre, l’ambassade de Chine à Ottawa a répliqué qu’elles ne faisaient que leur « devoir ». Le Premier ministre Harper avait émis un communiqué indiquant clairement que : « Comme me l’a mentionné Sa Sainteté le dalaï lama lors de notre rencontre, et comme il l’a déclaré récemment, son message prône la non-violence et la réconciliation, et je joins en cela ma voix à la sienne. Le Canada exhorte la Chine à respecter pleinement les droits de la personne et les manifestations pacifiques. Il l’enjoint également de faire preuve de retenue dans son intervention ».

Jacques Lanctôt, du quotidien Le Journal de Montréal, donne un avis dissident sur la situation qui prévaut au Tibet. Il n’est pas seul à penser que : « tiraillé entre une Chine communiste qui se présente comme une alliée naturelle et les États-Unis qui lui promettent monts et merveilles, le dalaï-lama en exil (le 14e) choisira ces derniers. Et il jouera la carte pro-occidentale à fond. […] Le Tibet ne sera pas à l’abri des soubresauts que connaîtra la Chine continentale pendant la « révolution culturelle » et le « grand bond en avant », avec son lot de déchirements, de restrictions, de répressions et d’exagérations. Mais il connaîtra, sous la « protection » du grand frère communiste, un extraordinaire développement, un véritable boom économique, à l’instar de la Chine continentale. Le système de servage, l’esclavage et les punitions corporelles furent supprimés. En 50 ans, « la région autonome du Tibet » passera d’une société féodale à une société développée et hautement industrielle, avec toutes les infrastructures et planifications nécessaires au bien-être de sa population : hôpitaux, écoles, consommation, réseaux routiers, dont un train dernier cri qui reliera « le plus haut plateau du monde » au reste du continent, essor touristique, redistribution des terres aux paysans, système de protection sociale, etc. ».

La Maison-Blanche a fait savoir que la répression chinoise au Tibet ne constituait pas un motif d’annulation de la venue de George W. Bush aux Jeux olympiques, ajoutant que le président américain se rendrait en Chine pour le sport, et non pour des raisons politiques. « Nous appelons la communauté internationale à mener une enquête indépendante sur les accusations faites par le gouvernement chinois selon lesquelles Sa Sainteté a été l’instigateur des violences au Tibet », a déclaré Mme Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants américaine. Accompagnée par neuf parlementaires américains, elle a souligné « à titre personnel » que « si les amoureux de la liberté ne s’exprimaient pas contre la répression chinoise (…) alors nous perdrions notre autorité morale pour parler au nom des droits de l’Homme n’importe où dans le monde ».

Le président du Parlement européen, Hans-Gert Pottering, estime que les pays européens ne devraient pas exclure la menace d’un boycott des Jeux olympiques de Pékin si la violence se poursuit au Tibet. « Pékin doit se décider », la Chine « devrait immédiatement négocier avec le dalaï lama », juge-t-il dans une interview au quotidien allemand Bild am Sonntag. S’il n’y a toujours « pas de signaux de compromis, je considère des mesures de boycott comme justifiées ». Hans-Gert Pottering appelle les personnalités politiques prévoyant d’assister à la cérémonie d’ouverture à « se demander, si cela (la violence) continue, s’il serait responsable d’effectuer un tel voyage ».

Pendant ce temps, le président du CIO répète ses arguments de poids : « La plupart des grands leaders politiques ne veulent pas de boycott. Bush ne veut pas de boycott, Sarkozy ne veut pas de boycott, Brown ne veut pas de boycott (…) Il n’y a pas d’élan pour un boycott », a déclaré Jacques Rogge devant la presse, peu avant la cérémonie d’allumage de la flamme des jeux de Pékin. Plusieurs autres pays se sont très clairement prononcés contre. C’est le cas du Japon, du Canada, ou encore de l’Australie. Le Comité olympique de Sydney a néanmoins précisé que ses athlètes pourront « s’exprimer librement » sur place. « Je respecte le jugement des organisations de défense des droits de l’Homme mais elle ne sont pas représentatives de leurs pays ». « La torche que la Chine a portée à Olympia est une honte pour la longue tradition de liberté et de démocratie que les Grecs ont offert au monde », a déclaré Tenzin Dorjee, directeur-adjoint de l’association de défense des droits des Tibétains Etudiants pour un Tibet libre, basée à New York.

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25 responses

25 03 2008
Toreador

[…] s’agit donc d’une décision politique, et non juridique. Toutefois, il convient d’en soupeser toutes les implications. Si je mets […]

25 03 2008
Gilles

[Reprise de ma réponse à un commentaire de Pierre sur REPVBLICÆ]
 
Je pensais… Si on refuse les J.O. aux états qui ne respectent pas parfaitement les droits humains, devrait-on aussi leur refuser les colloques scientifiques, les expositions itinérantes, les visites d’orchestres, les visites culturelles, les échanges commerciaux ?

Qui aurait le droit de lancer la première pierre ?

Par ailleurs, le Dalaï-lama ne réclame pas le boycott des Jeux. Peut-être que nous devrions aller en Chine et leur dire dans les yeux ce que nous pensons. Quant à l’aspect mercantile, je suis d’accord ; mais comment financer la rencontre de milliers d’athlètes ?

Tout ceci étant dit, la lutte pour les droits humains est à mon avis un impératif catégorique, comme dirait Kant.

25 03 2008
Pierre Chantelois

Gilles

J’ai évolué dans mon opinion sur le boycotte ou non des jeux. Il y a un an, j’aurais volontiers opté pour une position aussi extrême. il était encore temps. Aujourd’hui, je m’interroge. Je serais plus souple dans mes positions. Toutefois, je reconnais volontiers que rien n’est parfait. Aucun régime politique ne l’est. Mais de là à enrichir le comité olympique de millions de dollars pour une vitrine qui n’est plus dans l’esprit de Pierre de Coubertin, il y a une marge. Ce n’est pas l’esprit olympique qui est en cause ici. Ce sont les intérêts financiers. Les investissements colossaux faits par la Chine et les commanditaires pour créer cette vitrine totalement artificielle et pour faire croire aux athlètes qu’ils vont plus vite, plus haut, plus fort (voir Republicae à ce propos). Il faudra un jour que le Comité international olympique fasse des choix, ainsi que les têtes couronnées de ce monde. Pour l’heure, à mon avis, les jeux de Pékin sont irrémédiablement compromis et constitueront, aux yeux de l’Histoire, des jeux de la honte. Et les athlètes devront vivre avec cet arrière-plan. Rappelons-nous les Jeux de Berlin. Quelques mois avant le début de l’évènement, plusieurs pays avaient évoqué boycotter ces jeux.

Permettez-moi de porter à votre attention un article complet de mon ami belge, l’enfoiré, qui traite des Jeux olympiques en véritable historien : Le choix du danger.

Pierre R. Chantelois

25 03 2008
Tom

Ok mais si Kathy Tremblay arrive à respirer! 🙂

Aux questions de droits de l’Homme viennent maintenant s’ajouter des questions environnementales : j’en parle sur ce blog :
http://www.e-citizen.tv

25 03 2008
Françoise

« Quant au boycott que certains préconisent dans le monde, c’est une hérésie, car les seules personnes qui seront pénalisées, ce sont les athlètes. »

Pauvres athlètes. On en pleurerait… Quelle hypocrisie, alors qu’il n’est question que d’argent de A à Z.

« Mais il connaîtra, sous la « protection » du grand frère communiste, un extraordinaire développement, un véritable boom économique, à l’instar de la Chine continentale. »

Au détriment de la culture, de l’écologie. Les Tibétains ne le désirent pas à l’évidence.

Ce n’est pas de boycotter les JO ici ou là qu’il faudrait envisager. C’est de supprimer tout ce cirque qui serait la bonne solution.

25 03 2008
guy

Bonjour Pierre

« Reporters sans frontières » ont manifestés à Olympie à l’allumage de la flamme, en déployant une banderolle. R. Ménard, son responsable et ses amis furent arrêtés, condamnés(?), puis relâchés.

En chine un internaute « dissident » vient d’être condamné à cinq ans pour propos subversifs au sujet des J.0.

Réfléchissons aux conséquences d’un boycottage (qui n’aura d’ailleurs pas lieu, les athlètes iront aux J.O ). Que deviendrait la marge de négociation entre le pays organisateur, la Chine, et le plus petit pays du monde le Tibet? Néant.

La chine risquerait bien de faire supporter « définitivement » les conséquences de ce considérable échec sur le Dalaï-lama et le peuple Tibétain. Après un tel camouflet, la Chine n’acceptera jamais le début d’une petite autonomie. Ce sera fini…. terminé, et aux oubliettes ce qui reste du Tibet.

En mettant une « juste pression » dans les instances ONG, l’UN et ailleurs, il y a « peut être » encore la place pour « une toute petite solution gagnant gagnant » entre les deux antagonistes.

Une posture politique lors de la cérémonie d’ouverture et un boycottage de cette cérémonie est possible.

Pour conclure : j’ai trouvé les traces d’une gesticulation médiatique et la preuve de la désinformation d’un média chinois à propos des émeutes au Tibet.
Il s’agit de ChinaDaily avec votre accord bien sûr.

Bonne journée à tous.

25 03 2008
Pierre Chantelois

Françoise

Je vous rejoins. Il faut tout remettre en question cette gigantesque organisation – génératrice de coûts pour les pays hôtes et génératrice de profits pour le CIO – qui n’est qu’une vitrine. Je me suis déjà exprimé là-dessus. S’agissant de l’article cité de Jacques Lanctôt, je vous en recommande la lecture au complet. Édifiante lecture d’un chroniqueur qui fut, jadis, un révolutionnaire déclaré. La vie d’un Tibétain, pour être un peu démagogue, vaut-elle dix ans d’efforts d’un athlète qui souhaite gagner sa médaille d’or, de bronze ou d’argent?

Guy

Bien évidemment que, pour l’heure, un boycotte des jeux serait une catastrophe économique et un affront. Il faut faire en sorte que ce soit par la propre turpitude du pays hôte si l’image des Jeux de Pékin se termine dans la honte. La Chine ne récoltera que ce qu’elle a semé. Et le CIO passera à autre chose.

Merci pour le lien. Très intéressant cet autre côté obscur de la réalité.

Pierre R. Chantelois

25 03 2008
guy

bon sang vous ne dormez donc jamais (lol)…!

25 03 2008
Françoise

Pierre,

« La vie d’un Tibétain, pour être un peu démagogue, vaut-elle dix ans d’efforts d’un athlète qui souhaite gagner sa médaille d’or, de bronze ou d’argent ? »

Des vies pour une heure de gloire et quelques millions. Pour une heure de gloire et quelques millions, combien d’athlètes ont eux-mêmes perdu leur vie (grâce aux « produits qui aident »…) ?

Je ne sais pas si les USA sont derrière les révoltes tibétaines, mais je pense que les Tibétains ont le droit de vivre selon leurs coutumes, et de décider s’ils veulent faire partie de la Chine, être autonomes ou indépendants. Les « empires » n’ont pas à dicter leur loi aux plus petits pays. Qu’y a-t-il derrière l’occupation du Tibet ? Sans doute l’envie d’exploiter les richesses naturelles du pays (comme les USA vont à la quête du pétrole là où il y en a), la recherche d’un « espace vital » pour une population sans cesse plus importante etc.

Je vous recommande la lecture d’un article de Marie Holzman. C’est un autre point de vue à lire sur Marianne : <Faut-il boycotter les Jeux Olympiques de Pékin ? Question inutile !

25 03 2008
Pierre Chantelois

Guy

Très peu 🙂

Françoise

En effet. Les richesses naturelles. Vous avez pointé les vraies raisons de cet intérêt de la Chine pour le Tibet.

Merci pour le lien. Quel pavé! Et cette question : Qui peut penser qu’une dictature en passe de devenir la prochaine grande puissance mondiale n’est pas une menace pour la planète ? Si la Chine s’est éveillée, le reste du monde ne restera désormais plus endormi devant cette dernière.

Pierre R. Chantelois

25 03 2008
guy

Les richesses bien sur mais aussi suivant Wikipedia (quelques extraits) et vu de la chine :

Arguments historiques

Les relations entre la Chine et le Tibet sont anciennes et remontent au XIIe siècle. Le Tibet était un protectorat chinois entre 1720 à 1911… etc

Arguments politiques

La Chine affirme être entrée au Tibet en 1949 afin de libérer un peuple vivant sous la domination d’une oligarchie et d’une théocratie féodale. Par exemple, avant la prise de pouvoir des communistes, le servage était légal et pratiqué au Tibet.

Arguments économiques

Les autorités chinoises affirment que le développement économique du Tibet mené sous leur égide a permis de désenclaver le pays, notamment grâce à la construction de voies ferrées, qui vont servir à sortir les ressources minières du Tibet

Arguments géopolitiques

La Chine considère le Tibet comme une région stratégique pour sa sécurité

Conclusion

une situation politique/historique/culturelle compliquée accaparée par la Chine pour question stratégique.

Précision : il s’agit d’un commentaire.

Je suis résolument du coté de la minorité Tibétaine qui a droit, ici comme ailleurs, à son autodétermination. Comme le Québec point barre ! ( désolé il fallait que ça sorte ).!

25 03 2008
Françoise

« Qui peut penser qu’une dictature en passe de devenir la prochaine grande puissance mondiale n’est pas une menace pour la planète ? »

C’est en effet LA question. Et si nous autres, non-super-puissances, nous « couchons » devant la Chine et les États-Unis, nous n’aurons même pas le choix entre être mangés avec du ketchup ou de la sauce au soja…

25 03 2008
Pierre Chantelois

Guy

Le Tibet, avant 1950, était une théocratie dominante et avilissante. De ce point de vue, le Tibet, sous l’actuel Dalaï lama, a évolué et s’est démocratisé avec son gouvernement en exil, ses députés élus et son mode électoral. Ce que n’a jamais su faire la Chine. Il est rigoureusement exact que la Chine considère le Tibet comme une région stratégique mais aussi elle convoite ses richesses naturelles.

Merci pour cette petite mention sur le Québec. Vous savez ce que j’en pense:-)

Françoise

Marie Holzman avait bien posé la question, n’est-ce pas? Je vais garder ct article en référence pour un rappel ultérieur.

Pierre R. Chantelois

25 03 2008
chantal serriere

Hélas, il n’y a pas que la Chine qui puisse être ressentie comme un menace pour la planète et pour le non respect des droits de l’homme!

On le mesure tous les jours en Irak. En Corée, dans la déstabilisation des pays africains, à Guantanamo etc …

Beaucoup de très bonnes intentions s’expriment autour du sujet. Mais qu’aurait à gagner la planète, justement à provoquer et à déstabiliser l’Empire du Milieu?

D’autre part, quand on prône une action, il me semble qu’il faut savoir avant tout à qui profite cette action. Si un boycott quelconque est une forme de catharsis au besoin de bonne conscience des populations d’Occident si coupables d’être obligée de cautionner le cynisme de la politique dominante, alors, oui, allons-y. Mais, si c’est l’intérêt des Tibétains qui est est réellement l’enjeu d’une telle décision… alors il faut réfléchir à deux fois, peut-être à trois fois, même, et se demander si nous ne sommes pas tout simplement des moutons et ne renforçons pas, au contraire, le système que nous réprouvons.

25 03 2008
guy

Je rejoins Chantal Serriere 5/5. Je rejoins aussi Françoise sur la crainte fondée d’une Chine menaçante…!

J’ai lu à son sujet quelque part la « liste des actions potentielles » réservées à ses détracteurs, contradicteurs et surtout ennemis… cela pourrait aller (conditionnel) jusqu’au conflit nucléaire…!

Ceci étant je ne serai pas non plus l’oiseau de mauvais augure. Il se dit tellement de choses sur internet !

25 03 2008
Pierre Chantelois

Tom

Merci de votre visite et du lien vers un blog bien sympathique.

Chantal

Le fait que la Chine ne soit pas la seule à constituer une menace pour la planète occulte-t-il l’actualité au Tibet? Je vous rejoins sur votre constat que les dangers se mesurent quotidiennement en Irak, en Afrique, en Corée et à Guantanamo.

Est-ce que le géant aux pieds d’argile, la Chine, n’est pas le premier à se déstabiliser aux yeux du monde par son action et son entêtement à l’égard du Tibet? La Chine devait bien se douter, au moment où elle a fait sa demande pour être l’hôte des Jeux olympiques qu’elle s’exposerait à être au premier plan de l’actualité internationale. Et pire. Elle s’expose elle-même de la plus mauvaise façon. Non par le dialogue mais par la répression. La Chine reste sourde aux appels de dialogue. Pourquoi avons-nous reproché haut et fort à la Chine son silence sur le Darfour et nous tairions-nous sur le Tibet? Et pourquoi a-t-elle fini par céder et est-elle intervenue auprès d’Omar el-Béchir? Face à la médiatisation des critiques des organisations de défense des droits de l’Homme et aux appels au boycott des Jeux olympiques de Pékin en 2008, le gouvernement chinois avait dû réagir : il avait nommé un envoyé spécial au Soudan. C’était bien évidemment avant que la répression au Tibet n’éclate au grand jour.

Guy

D’accord, mon ami. Nos voix nos très peu dans le concert de ces grandes têtes couronnées qui ont le pouvoir pour élever la leur au-dessus de nos murmures.

Pierre R. Chantelois

25 03 2008
chantal serriere

Mais bien sûr, bien sûr, il ne s’agit pas de se taire.

Seulement de réfléchir au-delà de l’information manichéenne qui nous est largement distribuée de part et d’autres des montagnes, c’est le cas de le dire.

Moi, pour être allée en Chine, je suis navrée de voir que ce qui s’allégeait se renforce, que la libre circulation vers le Tibet ne l’est plus et tutti quanti!

Nous ne voyons le monde qu’à l’aune de nos propres champs de perception.

Si vous avez le temps de faire un petit tour par le blog d’Alain Lecomte, qui connaît bien cette région, cela vaut vraiment le détour. Très calmement, il essaie d’expliquer ce qui n’est pas tout à fait dans l’émotionnel ambiant.

25 03 2008
mosan

En avril 2001, le représentant du Comité de candidature chinoise aux JO de 2008 avait affirmé : «En confiant à Pékin l’organisation des Jeux, vous contribuerez au développement des droits de l’homme» (ce sont leurs mots !).

Or, à ce jour, les promesses des dirigeants chinois sont démenties par les faits et les violations des droits humains perdurent. Demandons aux dirigeants chinois de respecter leurs engagements… Demandons-leur de :

– Libérer les personnes emprisonnées depuis les manifestations de Tian An Men (1989) et tous les prisonniers d’opinion.
– Mettre fin au contrôle de l’information, y compris sur Internet.
– Suspendre les exécutions sur tout le territoire chinois en vue d’aboutir à l’abolition de la peine de mort.
– Supprimer la détention administrative.
– Mettre un terme à la pratique systématique de la torture.
– Permettre la constitution de syndicats libres et indépendants.
– Supprimer l’article 306 du Code pénal, qui permet la répression des avocats.
– Mettre fin aux expulsions forcées des citoyens de leur logement ou de leurs terres.

Ne demandons pas le boycott qui serait ressenti très durement par la Chine, il leur semblerait «perdre la face» – insulte suprême -… Négocions, négocions durement (et ça, ils savent faire, pour eux négocier c’est acceptable), qu’ils respectent leurs engagements.

25 03 2008
Pierre Chantelois

Chantal

Je vous rassure. C’est le sens que j’avais accordé à votre commentaire. Toutefois, fort en gueule comme je suis – mon vieux fond de négociateur syndical – je suis incapable au silence. Lorsque j’étais dans le secteur du développement international, je suis allé en Chine et au Vietnam pour négocier des contrats de coopération universitaire. Et comme le dit si bien dans son commentaire, Mosan, il faut négocier. Les Chinois ne font que cela : négocier. Lorsque les Chinois ne livrent pas les produits pour lesquels les paient les multinationales, ils se font rabrouer. Pourquoi en serait-il autrement sur leurs engagements pris dans le cadre de l’adjudication des Jeux olympiques?

J’ai suivi votre précieux conseil. J’ai consulté le blog d’Alain Lecomte : kiki soso largyalo! Très belle découverte. Permettez-moi de vous citer trois phrases de l’auteur qui m’ont particulièrement marqué :

D’où vient que je reste un peu sur ma réserve ? Sans doute que j’ai peur. Pas pour moi, bien sûr !!! Pour eux. Oui, pour tous ces Tibétains qui vont se faire écraser dans le silence et à l’insu de nous, maintenant que les portes de ce haut pays sont hermétiquement fermées. Je n’ai pas envie de les encourager à se faire tuer. Ce qui va pourtant arriver (20 mars 2008).

Je me souviens qu’au monastère de Ki (Lahaul), lors des traditionnels « enseignements du Kalaçakra » donnés par le Dalaï-Lama en personne, furent présentés à la foule des envoyés du Parlement Européen, porteurs de la « bonne nouvelle » selon laquelle ledit parlement avait voté une « résolution » de soutien au peuple tibétain. Evidemment, les pauvres paysans et moines qui se trouvaient là n’avaient aucun moyen de savoir que de telles résolutions, il s’en vote à la pelle et qu’en général elles n’engagent aucun gouvernement (puisque presque par définition… il n’y a pas de gouvernement de l’Europe, ce que les Tibétains ne savent pas bien sûr). De tels soutiens « gratuits » s’avèrent en général assez contre-productifs (c’était l’avis défendu par Patrick French) car ils encouragent à des actions sans issue qui se soldent par des morts (20 mars 2008).

Essayer de rétablir la vérité sur le Tibet et son histoire (face à des récits édulcorés et hagiographiques) est sans doute utile aussi, car c’est faire vivre ce pays et sa culture dans la contemporaneïté, au lieu de les isoler dans un passé mythique qui n’a guère existé (23 mars 2008).

Mosan

J’ai grand hâte de voir la liberté de manœuvre et d’expression qu’auront les membres de la presse internationale avant, pendant et après les Jeux. Et grand hâte également de voir la liberté d’expression de la presse chinoise elle-même, au cours des Jeux.

Comme déjà indiqué, j’aurais été un fervent du boycott il y a un an. Maintenant, il est un peu tard. Mais de voir dans la parade les têtes couronnées m’horripile au plus haut point.

Pierre R. Chantelois

25 03 2008
Pierre Chantelois

N.B.

Sur son blog, le maire de Bordeaux Alain Juppé se montre très sévère sur les positions occidentales vis-à-vis de la Chine.

« Qu’entendons-nous dans la bouche des responsables occidentaux, politiques ou diplomates, de Washington ou New York à Bruxelles en passant par à peu près toutes les capitales européennes? Un appel à ‘la retenue’! En somme, nous demandons au pouvoir de Pékin de ‘tuer avec retenue’! » », écrit Alain Juppé.

Lafontaine toujours vivant:
« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

Au fond de moi-même, je me demande ce que j’aurais dit si j’avais été investi d’une responsabilité nationale.
Je suis ébranlé quand je vois l’allant que certains mettent aujourd’hui à pratiquer cette « realpolitik » qu’ils fustigeaient tant hier. Il y a des grâces d’état. Des disgrâces aussi.

Sans doute est-il facile de prononcer les paroles justes quand on n’a pas la charge des intérêts d’un peuple. Mais la Chine est si riche!

Aurais-je cédé, moi aussi, au « bon sens »?
Je n’en sais rien. Il faut donc faire preuve d’humilité.

Mais les Tibétains meurent. Alain Juppé

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Pierre R. Chantelois

26 03 2008
guy

Avant d’y aller, il se fait tard, et le carnet va fermer. Juppé bon, bien, belle réaction ! C’est vrai !

Au fait, pendant sa « disgrace », il est resté au Québec 3 ans.

Était il avec les indépendantistes, avec les Souverainistes ? A-t-il entendu le discours de Landry et qu’en pense-t-il?

J’aimerai bien le savoir !!!!!

Ah oui, je sais, je ne lâche pas le morceau facilement… je sais !

Cordialement et bon courage

26 03 2008
Pierre Chantelois

Guy

C’est vrai qu’Alain Juppé était au Québec au moment de sa disgrâce. Mais, au risque de vous décevoir, il a été embauché par l’École nationale d’administration publique (ENAP) à titre de professeur. Et durant son séjour d’un an, il a été d’une grande discrétion, évitant de se mêler à la politique intérieure du Québec. J’ai retrouvé deux liens qui pourront vous intéresser : Jean-Pierre Cloutier et Le Devoir. Son arrivée toutefois n’a pas été de tout repos, comme en témoigne cette opinion de Gérard Bouchard, qui était le frère de l’ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard. Au moment de son retour en France, voici ses réactions consignées dans Le Petit Journal.

Pierre R. Chantelois

26 03 2008
guy

C’est parfait Pierre et chapeau pour la documentation et les liens.
Je ne suis pas étonné par la rigueur des instances canadiennes sur le plan juridique.
Un casier judiciaire avec 15 mois de prison ce n’est pas rien Monsieur Juppé !.
Il n’y a guerre qu’un homme politique pour dire « et alors ! je suis vierge »
confondant !
Son silence et sa discrétion pendant ces années au Québec oui…mais une l’absence de posture,l’absence d’une remarque, sur la loi 101 par exemple..
Bof je m’en doutais les hommes politiques cherchent leurs marques dans le tumulte sur la question du Tibet c’est à celui qui criera le plus fort….
Je vais lui écrire !
Cordialement

26 03 2008
chantal serriere

Ce qui est rassurant, sur ce blog, en plus de l’immense apport des informations croisées, (quel travail vous faites, Pierre!), c’est la qualité de l’écoute entre le maître et visiteurs du lieu. On ne s’invective pas et on peut ne pas avoir la même opinion, nuancer, voire se laisser convaincre, parfois.
Un vrai dialogue! C’est si rare!
Hier soir, il y avait à la télévision française, l’exemple contraire. Un débat qui n’a d’échange intellectuel que le nom, où chacun habite son seul paradigme et d’où le pauvre Tibet qu’on défend ne risque pas d’être aidé.
Je suis contente que vous ayez apprécié le blog d’Alain Lecomte, dont je n’avais pas le lien au moment où j’écrivais mon commentaire.
Bien amicalement à tous.

30 03 2008
du bleu dans mes nuages » Archive du blog » Ah la belle toile [sous le signe d’Olivier SC]

[…] 25 mars 2008 : A propos du boycott des J.O. de Pékin à cause du : Tibet un athlète affirme “En Chine, je vais me battre pour une seule chose : ma médaille d’or…. (Enfin quelqu’un qui n’est pas là pour rigoler… et aux droits de l’homme, il […]

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