Il pleut des larmes d’automne sur Montréal

9 11 2008

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Sérénade triste

Comme des larmes d’or qui de mon coeur s’égouttent,

Feuilles de mes bonheurs, vous tombez toutes, toutes.

Vous tombez au jardin de rêve où je m’en vais,

Où je vais, les cheveux au vent des jours mauvais.

Vous tombez de l’intime arbre blanc, abattues

Ça et là, n’importe où, dans l’allée aux statues.

Couleurs des jours anciens, de mes robes d’enfant,

Quand les grands vents d’automne ont sonné l’olifant.

Et vous tombez toujours, mêlant vos agonies,

Vous tombez, mariant pâles, vos harmonies.

Vous avez chu dans l’aube au sillon des chemins;

Vous pleurez de mes yeux, vous tombez de mes mains.

Comme des larmes d’or qui de mon coeur s’égouttent,

Dans mes vingt ans déserts vous tombez toutes, toutes.

Vision brouillée, émotion diffuse

Vision brouillée, émotion diffuse

ou vision diffuse, émotion brouillée

ou vision diffuse, émotion brouillée

Il pleut sur Montréal des larmes d'automne

Il pleut sur Montréal des larmes d'automne

Rencontre furtive en temps de pluie

Rencontre furtive en temps de pluie

Conciliabule à voix basse

Conciliabule à voix basse

Beau temps mauvais temps

Beau temps mauvais temps

Même les souvenirs sont tristes sous la pluie

Même les souvenirs sont tristes sous la pluie

Les parcs sont désertés ...

Les parcs sont désertés ...

... à deux exceptions près !

... à deux exceptions près !


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9 responses

9 11 2008
Catherine

Décidemment Pierre vous ne cessez de me surprendre. Les photos, le poême… Bravo! Et merci!

9 11 2008
Françoise

Très très joli billet Pierre ! Texte et photos s’accordent admirablement.

L’été des Indiens est fini…

9 11 2008
RV

Alors ça y est, vous suivez donc les traces de Saint-John Perse : la poésie après la diplomatie ?..
RV

9 11 2008
chantal serriere

Belle chanson d’automne, si mélancolique…

9 11 2008
Pierre Chantelois

A tous et à toutes

Ce beau poème d’Émile Nelligan est méconnu mais sa poésie a traversé les frontières. J’ai essayé d’illustrer en photos ces mots si mélancoliques. Merci.

Pierre R.

9 11 2008
Gilles

L’automne est mélancolique, et tu as choisi deux poètes mélancolique : tout est en harmonie. À propos d’Octave Crémazie, des personnages célèbres se réunissaient dans sa librairie (Chauveau, Fréchette, F.-X. Garneau, Gérin-Lajoie, Taché entre autres) mais malgré cela il s’est expatrié en France, pour d’obscures raisons financières, je pense. Quoi qu’il en soit, Crémazie a pris le nom de Jules Fontaine ; il est mort au Havre en 1879.
 
Nelligan est la mélancolie de la folie, Crémazie est la mélancolie de l’exil, un peu comme Henri Tranquille était la mélancolie de l’oubli. Anecdote : je l’ai vu chez des amis un mois avant sa mort (survenue à la mi-novembre presque jour pour jour), et il n’était pas du tout amer. Bref, tes photos me rappellent tant de souvenirs, je pense que nous retenons plus et mieux les événements qui nous arrivent en automne (que ceux de l’été), je ne sais pas pourquoi.
 

9 11 2008
Pierre Chantelois

Gilles

Beau témoignage tiré d’un album de souvenirs. Pour ma part, j’associe beaucoup l’automne à Chateaubriand que j’ai beaucoup lu dans ma jeunesse. Lamartine, Baudelaire, Chateaubriand. De ce dernier, je retiens : « J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays, le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur ».

Nelligan me semblait bien seul sous cette journée de pluie, au Quarré Saint-Louis.

Merci pour ces rappels qui ont tant façonné une partie de notre vie.

Pierre R.

30 09 2010
ellycannelle

Bonjour,
j’ai beaucoup aimé vos photos et vos textes.
Je n’y suis jamais allé! mais mon rêve serait de poser le pied et de voir le Québec! Merci.

28 02 2014
Cochonfucius

Mélancolie d’Émile
——–

Larmes de Nelligan comme une eau de fontaine,
De tristesse inconnue ton âme est souvent pleine.
Que soit couvert le ciel ou luise le soleil,
Tu n’en parleras point, car pour toi, c’est pareil.

Ta muse cependant chante en ces jours de peine,
Comme chante en ses pleurs la petite sirène ;
Quand le grand vent d’automne a fait l’arbre vermeil,
Murmure le feuillage avant son grand sommeil.

Cher rhapsode, ton coeur est un nuage blanc ;
L’onde la plus sereine est portée dans ses flancs,
Que l’on goûte plus tard, en poèmes traduite.

Hélas, qu’en advint-il ? ton âme se troubla ;
Sur l’humide papier, l’écriture trembla,
Reflétant la douleur de tes vingt ans en fuite.

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